La flotte des Boeing 737 Max reste clouée au sol à travers le monde entier après deux accidents mortels, le premier ayant impliqué le vol 610 de la compagnie indonésienne Lion Air avait occasionné la mort de 189 personnes et le second qui s’est produit le 10 mars dernier concernait le vol 302 d'Ethiopian Airlines. Les enquêtes préliminaires avaient retenu que, l'accident du vol 302 d'Ethiopian Airlines présentait des similitudes avec le premier accident survenu en octobre 2018, et selon les enquêteurs, les deux accidents étaient liés à une défaillance d’un système automatisé conçu pour prévenir le décrochage de l'avion. Pour rappel, Boeing a dû ajouter le système MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System) à son avion 737 révisé afin de corriger un problème de conception sur le nouveau modèle 737 Max qui a été lancé pour apporter une riposte à l’A320neo de l’Airbus.
De nouvelles informations ont fait surface le dimanche dans l’affaire crashs aériens impliquant Boeing. Selon le journal le Monde, les failles du 737 MAX de Boeing étaient connues dès 2018. En effet, le quotidien rapporte que des inspecteurs américains de l’agence fédérale de l’aviation (FAA) qui étaient en charge en 2018 de superviser et de contrôler la compagnie aérienne Southwest Airlines, la plus grosse cliente du 737 MAX, avec une flotte de 34 appareils en service à l’époque, ont envisagé de clouer au sol une partie des Boeing 737 MAX, après avoir appris que l’avionneur avait désactivé le signal d’alerte censé avertir des dysfonctionnements du système anti-décrochage MCAS. Selon Le Monde, ces nouvelles informations proviennent d’une source proche du dossier qui s’est adressée à l’AFP le dimanche 28 avril.
En 2018, les inspecteurs avaient découvert que Boeing avait choisi de rendre optionnel et payant le signal d’alerte lumineux, après que Southwest a demandé au constructeur américain de le réactiver à la suite de l’accident d’un 737 MAX de Lion Air en octobre dernier. En effet, Boeing avait désactivé automatiquement ce signal dans les 737 MAX livrés à Southwest Airlines sans en informer la compagnie aérienne. Selon une porte-parole de la compagnie aérienne, ni Southwest, ni ses pilotes n’étaient au courant des modifications lorsqu’ils ont commencé à faire voler l’avion en 2017.
Selon le monde, les employés de la FAA avaient émis l’hypothèse d’une immobilisation des avions pour se donner le temps de déterminer si les pilotes avaient besoin ou pas d’une formation supplémentaire, a déclaré cette source sous couvert d’anonymat. Toutefois, après des discussions, les inspecteurs avaient finalement abandonné cette option, mais l’information n’était pas remontée jusqu’aux hauts responsables de l’agence fédérale, d’après les déclarations de la source d’information qui venait confirmér des informations publiées hier par le Wall Street Journal. En effet, le Wall Street Journal a écrit : « Boeing Co. n'a pas dit à Southwest Airlines Co. et à d'autres transporteurs lorsqu'ils ont commencé à piloter ses jets 737 MAX qu'une caractéristique de sécurité trouvée sur des modèles antérieurs qui avertissait les pilotes du mauvais fonctionnement des capteurs avait été désactivée ».
Pour rappel, après des ajouts apportés au B 737 pour obtenir un appareil radicalement différent avec des caractéristiques de maniabilité différentes et un nouveau logiciel opérationnel, Boeing avait présenté le 737 MAX comme un appareil semblable au B 737, afin d’éviter le long processus d'une nouvelle certification, selon certaines critiques.
Les clients de l’avionneur américain, y compris Southwest Airlines, n’ont été mis au courant de la désactivation de la caractéristique de sécurité qu’après le drame de Lion Air. La porte-parole de Southwest a déclaré par courriel :
« Avant l’accident de Lion Air, les signaux (…) étaient présentés par Boeing comme opérationnels, peu importe que vous ayez ou non sélectionné la fonctionnalité ». Mais « après l’accident de Lion Air, Boeing a informé Southwest que les signaux étaient inopérables si on n’avait pas pris l’option », a-t-elle ajouté. C’est à ce moment-là que Southwest a choisi de prendre cette option pour tous ses appareils, a conclu la porte-parole.
Boeing a déclaré à son tour, lorsqu’il a été contacté par l’AFP, que le signal d’alerte deviendra désormais une fonctionnalité de base et gratuite pour tous les clients : « Ce changement sera effectué sur tous les MAX qu’ils soient en production ou en phase de modification pour ceux qui étaient en service ».
En début mois d’avril, Ethiopian Airlines a rendu public son rapport préliminaire d’enquête qui pointait du doigt le logiciel de Boeing. Le rapport de la compagnie aérienne a établi que les pilotes n’avaient pas effectué de procédures incorrectes et a émis au moins deux avis, l’une à l’intention de Boeing et l’autre à destination des régulateurs. Le rapport a préconisé au constructeur américain de revoir le système de contrôle de vol de son avion et a exhorté les autorités de réglementation compétentes à prendre toutes les dispositions afin de s’assurer que le problème a bien été résolu avant d’autoriser à nouveau ce type d’appareil à voler.
D’après les premiers éléments de l’enquête concernant Lion Air, une des deux sondes d’incidence AOA était tombée en panne. Bien que défaillante, la sonde a continué à transmettre des informations aux calculateurs, notamment au MCAS. Or cet instrument prend la main sur les commandes de vol et met l’avion en piqué, même si le pilote tente de faire le contraire, tant que le système n’est pas désactivé. Avec l’AOA hors service, il aurait fallu désactiver le MCAS. Ce que ne savait pas l’équipage de Lion Air.
Boeing est en train de travailler à des modifications du MCAS pour obtenir la levée de l’interdiction de vol, qui aurait déjà coûté un milliard de dollars, d’après la compagnie. Selon le Monde la facture de l’avionneur sera davantage salée vu qu’il devra indemniser les compagnies aériennes qui ont dû annuler des milliers de vols jusqu’à cet été et qui ont dû étoffer leurs équipes des services clients et réservations.
Ces dernières révélations ont relancé les discussions sur des sites Web d'agrégation d'actualités sociales à propos des caractéristiques de sécurités des avions qui viennent en option. Selon certains utilisateurs, beaucoup d'innovations de sécurité sont en option au départ, puis au fur et à mesure qu’elles se démocratisent elles deviennent des séries. Toutefois, ils ont qualifié le cas de Boeing de « vicieux » et extrêmement « capitaliste ». Le fonctionnement de la FAA est également mis en cause dans les discussions. Envisager d’interdire de vol les 737 Max afin de mener des enquêtes et revenir sur sa décision ensuite, la FAA pourrait être soupçonnée d'approuver trop rapidement les technologies de Boeing.
Source : Le Monde
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Que pensez-vous des nouvelles révélations concernant les défaillances de Boeing 737 Max qui ont occasionné accidents ?
Que pensez-vous du fait que certaines caractéristiques de sécurité sur des avions tels que le Boeing 737 Max soient en option ?
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Le , par Stan Adkens
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