Des rapports qui prévoient l'érosion imminente des emplois dans l’industrie bancaire ne sont pas rares, mais l’un des plus récents qui provient de l’industrie – d’un analyste éminent de l'une des plus grandes entreprises de cette industrie – prédit que des milliers d’emplois devaient être détruits au profit de l’automatisation au cours de la prochaine décennie. Selon le rapport de Wells Fargo & Co., les gains d'efficacité technologique dans les banques américaines, qui investissent 150 milliards de dollars par an dans l’automatisation, se traduiront par la plus forte réduction de l'effectif dans le secteur bancaire américain, avec environ 200 000 suppressions d'emplois au cours de la prochaine décennie.
Selon le rapport, dont l’auteur principal est Mike Mayo, analyste senior chez Wells Fargo Securities LLC, les gains d'efficacité technologique faciliteront « le plus grand transfert du travail vers le capital » de l'histoire de l'industrie. Selon M. Mayo, les 150 milliards de dollars que les sociétés financières du pays consacrent chaque année à la technologie – plus que toute autre industrie – permettront de réduire les coûts, la rémunération des employés qui représentent la moitié des dépenses des banques. M. Mayo a déclaré au quotidien Financial Times que la destruction d’emplois prévue représente 10 % du total des emplois dans les banques.
Ainsi, les effectifs des services administratifs, des succursales des banques, des centres d'appels et des services à la clientèle seront réduits d'environ un cinquième à un tiers. Selon le rapport, l'effectif de ces départements pourrait diminuer de 20 à 30 % ce qui ouvrirait la voie à l'amélioration des guichets automatiques, des chatbots ou agent conversationnel et des outils logiciels qui facilitent le processus décisionnel. Toutefois, les emplois liés à la technologie, aux ventes, au conseil et à la consultation seront moins affectés, d’après le rapport.
Selon Bloomberg qui a repris le rapport, Michael Tang, un associé de Deloitte qui dirige la pratique mondiale d'innovation en matière de services financiers de la société de conseil, a déclaré dans une interview accordée dans le rapport de Wells Fargo :
« Il s'agira d'un changement radical dans les centres de contact, tant internes qu'externes ». « On en voit déjà les signes avec les chatbots, et certains ne savent même pas qu'ils discutent avec un moteur d'intelligence artificielle parce qu'ils ne font que répondre aux questions », a-t-il ajouté.
Le rapport, qui s'est penché sur l'impact global que la technologie aura sur le secteur bancaire, notamment en termes d'efficacité, a également fait remarquer que l'intelligence artificielle pourrait réduire les coûts de traitement des prêts hypothécaires de 10 à 20 %, et que les solutions de cloud computing ainsi que le marketing basé sur la télémétrie permettraient en outre de réaliser des économies supplémentaires. Selon M. Mayo, « La prochaine décennie devrait être la plus importante de l'histoire des banques dans le domaine de la technologie ».
Sur les chaines de télévision, l'analyste de Wall Street a également qualifié ce changement comme étant une période où les travailleurs humains seront éliminés des services des grandes banques qui ont consacré davantage d’investissement aux hautes technologies, laissant la place à un flux de capitaux plus rapide qui passeront directement du client aux dirigeants de ces banques.
Mayo de Wells Fargo n’est pas le seul à prédire une forte montée de l’automatisation dans l'industrie bancaire
Selon Bloomberg, plusieurs dirigeants de banques, de firmes d'experts-conseils et autres prévoient également d'énormes réductions de la main-d'œuvre bancaire dans le contexte de la poussée vers l'automatisation. Le groupe financier américain a rapporté que la société de conseil McKinsey & Co. a déclaré en mai dernier qu'elle s'attendait à ce que l'effectif des travailleurs du front-office – les banquiers et les traders historiquement considérés comme faisant partie des actifs les plus précieux des sociétés financières – diminue de presque un tiers avec la montée des robots. Selon McKinsey & Co., les coûts de rémunération pourraient chuter jusqu'à 20 % et les économies pourraient atteindre 600 millions de dollars par an.
Bloomberg a également rapporté en citant les données de Coalition Development Ltd., que l'effectif des travailleurs du front-office des banques d'investissement et du négoce a diminué pour la cinquième année consécutive en 2018. Par ailleurs, tous les traders auront bientôt besoin de compétences en codage pour réussir à Wall Street, selon R. Martin Chavez, un architecte des efforts de conversion à la technologie de Goldman Sachs Group Inc., a rapporté Bloomberg.
Le Financial Times a aussi noté que Citigroup chercherait également à supprimer « des dizaines de milliers » d'emplois dans sa division commerciale. Le quotidien a également rapporté qu’un ancien directeur de la Deutsche Bank a averti que la moitié de ses 97 000 employés pourraient être remplacés par la technologie.
L’automatisation devrait conduire à des gains d'efficacité et de parts de marché record pour les banques qui investissent dans la technologie, d’après M. Mayo. En automatisant certains départements, les banques réduisent les coûts de main-d'œuvre tout en remontant une plus grande partie des bénéfices pour les concentrer dans un bassin toujours plus restreint de cadres.
Cependant, l’automatisation ne profitera pas à tous. Si elle peut rendre les services bancaires moins chers, en même temps, il y a une main-d'œuvre de la taille d'une petite ville qui perdra son emploi en conséquence, d’après le rapport. Les plus petites banques pourraient aussi en subir les conséquences, évincées du marché par les plus gros concurrents qui investissent dans les nouvelles technologies.
L’industrie bancaire devrait commencer à penser à trouver des alternatives à cette destruction massive d’emplois par l’automatisation. Erwann Tison, macro-économiste et directeur des études de l’Institut Sapiens, avait expliqué en août 2018, dans une étude similaire concernant les emplois en France, que « La vague numérique qui engloutira de nombreux emplois risque d’être socialement néfaste si elle n’est pas anticipée ». L’étude de l’institut Sapiens avait révélé, à l’époque, que l'automatisation pourrait détruire plus de 2 millions d'emplois en France.
Sources : Rapport de Wells Fargo & Co., Tweet
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Pensez-vous, comme Mike Mayo, que l’automatisation détruira des milliers d’emplois dans l’industrie bancaire aux Etats-Unis ?
Pensez-vous que les sociétés seront prêtes en ce qui concerne les dispositions à prendre pour une meilleure collaboration avec l’automatisation ?
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La technologie devrait détruire plus de 200 000 emplois dans les banques américaines dans la prochaine décennie,
L'industrie dépensant 150 milliards $ par an dans l'automatisation, selon un rapport
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Le , par Stan Adkens
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