Le chien robot Spot de Boston Dynamics était l'un des nombreux robots testés par l'armée française lors de séances d'entraînement dans une école militaire du nord-ouest de la France à la fin du mois de mars. Le robot quadrupède était apparemment utilisé pour la reconnaissance lors d'un exercice d'entraînement de deux jours dans le but de "mesurer la valeur ajoutée des robots en action de combat", a déclaré le commandant de l'école Jean-Baptiste Cavalier. Mais ce déploiement soulève des questions sur la manière dont les machines de Boston Dynamics seront utilisées à l'avenir.
Spot de Boston Dynamics semble se préparer à se rendre avec d’autres robots sur le champ de bataille avec un groupe de stagiaires de l'armée française dans le cadre d'une série d'exercices et de simulations visant à déterminer comment ce robot, actuellement non armé, pourrait travailler côte à côte avec les humains. Les soldats en formation ont utilisé Spot pour diverses tâches de reconnaissance au cours d'un essai de deux jours de cette technologie. Les tests, qui ont eu lieu à la fin du mois dernier, s'inscrivaient dans le cadre d'un projet de l'École militaire interarmes.
« Quatre étudiants ont porté ce projet d'exercice de recherche appliquée sur trois scénarios : une action offensive avec la prise d'un carrefour, une action défensive de jour puis de nuit, et un combat urbain », a déclaré l'ingénieur Gérard du Boisboissel, selon un premier rapport sur les séances d’entraînement.
Des photos des exercices ont été partagées sur Twitter par la principale école militaire française, l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Elle a décrit les tests comme une « sensibilisation des étudiants aux défis de demain », qui incluent la « robotisation du champ de bataille ». Le rapport donne plus de détails, indiquant que Spot était l'un des nombreux robots testés par les étudiants de l'École Militaire Interarmes de France, dans le but d'évaluer l'utilité des robots sur les futurs champs de bataille.
Le vice-président du développement commercial de Boston Dynamics, Michael Perry, a dit dans une déclaration, suite aux nouvelles sur l’utilisation de Spot par les militaires français, que le robot avait été fourni par un distributeur européen, Shark Robotics, et que l'entreprise américaine n'avait pas été informée de cette utilisation particulière. « Nous sommes en train de l'apprendre comme vous le faites », a déclaré Perry. « Nous ne sommes pas certains sur la portée exacte de cet engagement ». Toutefois, l'entreprise américaine dit qu'elle était au courant que ses robots étaient utilisés avec le gouvernement français, y compris l'armée.
Les robots ont apparemment ralenti l'opération, mais ont permis aux troupes d'être plus en sécurité. Un soldat a déclaré être mort lors du premier exercice sans Spot, mais avoir survécu la deuxième fois grâce à la reconnaissance du robot. « Pendant la phase de combat urbain où nous n'utilisions pas de robots, je suis mort. Mais je ne suis pas mort lorsque nous avons demandé au robot de faire une reconnaissance préalable », aurait déclaré un soldat. L'autonomie de la batterie aurait été un problème, Spot étant à court de jus au milieu d'un exercice et a dû être évacué.
Spot de 31 kg est équipé de caméras et peut être télécommandé. Ses quatre pattes lui permettent de se déplacer sur des terrains qui poseraient des problèmes aux robots à roues ou à chenilles. À ce jour, il a été utilisé pour surveiller à distance un certain nombre d'environnements, des sites de construction aux usines et aux mines souterraines. Le rôle de Spot n'est pas encore clair dans le dispositif des militaires français, mais nous aurons certainement davantage d’information à ce sujet plus tard.
Outre Spot, les autres machines testées par l'armée française comprennent OPTIO-X20, un véhicule télécommandé doté de bandes de roulement de char et d'un canon automatique, construit par la société estonienne Milrem Robotics ; ULTRO, une "mule robotisée" à roues conçue pour transporter des équipements, construite par la société militaire française d'État Nexter ; et Barakuda, un drone à roues polyvalent qui peut fournir une couverture mobile aux soldats avec un blindage attaché.
Les déploiements non armés de Spot par les clients militaires pourraient être envisagés
L'apparition de Spot sur des champs de bataille simulés soulève des questions quant à l'endroit où le robot sera déployé à l'avenir. Boston Dynamics développe depuis longtemps des robots pour l'armée américaine. Certains des premiers robots de Boston Dynamics, dont Atlas, ont été financés par la branche DARPA de l'armée américaine. Mais en se tournant vers les marchés commerciaux, la société a pris ses distances par rapport aux connexions militaires. Spot est toujours testé par un certain nombre de forces de police américaines, notamment par la police de New York, mais Boston Dynamics a toujours souligné que ses machines ne seront jamais armées. « Nous souhaitons sans équivoque qu'aucun client n'utilise le robot pour nuire aux gens », a déclaré Perry.
Les conditions générales d'utilisation de Spot interdisent de l'utiliser « pour blesser ou intimider une personne ou un animal, comme une arme, ou pour activer une arme », et il est possible d'argumenter qu'un robot qui aide à repérer des bâtiments pour des soldats ne peut techniquement blesser ou intimider personne. Mais si cette reconnaissance est le prélude à un engagement militaire, la distinction semble bien mince.
Cependant, Boston Robotics n'est pas nécessairement opposée à l'utilisation de robots pour mettre les soldats hors d'état de nuire, a déclaré la société, et elle évalue toujours l'idée d'utiliser des robots pour la reconnaissance et d'autres tâches plus passives. Perry de Boston Dynamics a déclaré que l'entreprise avait des politiques claires interdisant aux fournisseurs ou aux clients d'armer le robot, mais que l'entreprise "évalue encore" si elle doit ou non interdire les déploiements non armés par les clients militaires.
« Nous pensons que l'armée, dans la mesure où elle utilise la robotique pour mettre les gens hors d'état de nuire, est une utilisation parfaitement valable de cette technologie », a déclaré Perry en s’adressant à un média. « Avec ce modèle de déploiement avancé dont vous discutez, c'est quelque chose que nous devons mieux comprendre pour déterminer si oui ou non il est activement utilisé pour nuire aux gens ».
Les critiques affirment qu'il est inévitable que les machines soient utilisées comme armes – et certaines l'ont déjà fait. En février, un collectif Internet basé à Brooklyn a tenté de présenter une vision plus dystopique de la technologie robotique de Boston Dynamics. Ils ont ajouté un pistolet de paintball contrôlable à distance à Spot. Le projet, appelé Spot’s Rampage, est l’œuvre de MSCHF, qui fait régulièrement des farces. Le but du projet étant de laisser entrevoir les dangers de l'automatisation.
Malgré les inquiétudes des chercheurs et des défenseurs des droits humains, les armées du monde entier poussent de plus en plus les robots sur le champ de bataille. Les drones télécommandés ont constitué le déploiement le plus important à ce jour, mais d'autres cas d'utilisation – notamment des robots capables de faire des repérages, des enquêtes et des patrouilles – sont également testés.
La US Air Force teste actuellement des robots quadrupèdes similaires à Spot, construit par la société concurrente Ghost Robotics, pour remplacer les caméras de surveillance fixes, a rapporté en décembre dernier le Washington Post. Si les robots s'avèrent fiables en tant que vidéosurveillance itinérante, ce n'est qu'une question de temps avant que ces capacités ne soient introduites dans les zones de combat actives.
Cependant, le test effectué en France semble être la première fois que Spot a été vu dans un véritable cadre militaire. Heureusement, les Français n'ont pas encore armé ce petit compagnon, mais ce n'est pas comme si les gens n'y avaient pas encore pensé.
Sources : Tweets (1 & 2)
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BD "évalue encore" s’il doit ou non interdire les déploiements non armés par les clients militaires. Quel commentaire en faites-vous ?
Voir aussi :
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Ce qui soulève des questions quant à l'endroit où le robot sera déployé à l'avenir
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Le , par Stan Adkens
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