Le maire de New York, Eric Adams, qui a été élu en 2022 et qui s'est décrit à plusieurs reprises lors de l'annonce comme un "geek de l'informatique", a déclaré que les trois nouveaux robots de surveillance ne sont que le début de la refonte des forces de police. « Nous ne pouvons pas avoir peur de la technologie. Si nous ne sommes pas prêts à aller de l'avant et à nous servir de la technologie pour assurer la sécurité des villes, nous ne pourrons pas faire face à ceux qui veulent nuire à New York », a-t-il déclaré. Mais les médias locaux ont rapporté que les habitants sont en colère et ont déclaré que les robots étaient des "outils de surveillance dystopiques".
Pour les patrouilles actives, la police de New York (NYPD) prévoit de déployer un robot Knightscope K5, un robot à roues qui mesure environ 1,5 m de haut et pèse 1,5 kg. Il ressemble à un R2-D2 géant dans la vraie vie. Ce robot ovoïde n'a pas d'appendices et n'est qu'une boule de capteurs. Il est équipé d'un système de caméras à 360 degrés, d'une caméra thermique, d'un LiDAR, d'un sonar, d'un GPS, de 16 microphones et de haut-parleurs pour diffuser des messages préenregistré ou en direct. Il peut patrouiller de manière autonome dans une zone, détecter des personnes, reconnaître des plaques d'immatriculation et utiliser la reconnaissance faciale.
Le NYPD note toutefois que la reconnaissance faciale ne sera pas utilisée. En tant que robot à roues, il ne peut accéder aux zones conformes aux normes ADA que par des rampes. Le K5 est présenté comme un "robot de sécurité autonome" et a été dévoilé en 2014. Les unités K5 ont fait parler d'elles pour divers incidents, comme le fait d'entrer dans un étang ou d'écraser des enfants. La ville de New York loue le robot pour une durée de six mois au prix de 9 dollars par heure. Jeffrey Maddrey, chef du NYPD, a déclaré que le robot serait déployé en juillet dans le cadre d'un programme pilote et qu'il patrouillerait sur Times Square ou dans la station de métro.
Le robot aura un partenaire humain. En outre, le NYPD compte également déployer un chien robot "Spot" de Boston Dynamics, que la police de New York a surnommé Digidog. Spot est un robot qui peut patrouiller de manière autonome sur un parcours cartographié, suivre une personne et monter et descendre des marches. Le robot Spot est destiné à la surveillance et à l'inspection industrielles à distance, ce qui lui confère de nombreuses capacités de commande à distance et d'enregistrement. En 2021, la police de New York l'a équipé de la Spot Cam+, qui comprend une caméra panoramique avec zoom optique 30x et une seconde caméra à 360 degrés.
Spot coûte 75 000 dollars sans les accessoires et l'utilisateur peut l'équiper comme il l'entend. Par exemple, Spot peut être équipé de la "Spot Cam+IR", qui ajoute une caméra thermique et un système audio bidirectionnel. Il peut aussi être équipé de l'accessoire "Spot Arm", qui permet d'ouvrir des portes et de manipuler d'autres objets. Pour l'instant, le NYPD prévoit de déployer deux robots Spot. Il n'effectuera pas de patrouilles autonomes, mais il sera utilisé pour les incidents "à haut risque", comme les prises d'otages et l'inspection des matières dangereuses. En gros, le robot Spot sera utilisé pour un travail similaire à celui d'un robot poseur de bombes.
Aux États-Unis, la plupart des services de police disposent déjà d'un arsenal de robots, mais ils sont généralement destinés à la neutralisation des bombes, et non aux patrouilles quotidiennes envisagées par la ville de New York. Les robots de déminage ne sont généralement que des appareils télécommandés totalement "idiots" qui ne sont pas automatisés et dont le fonctionnement nécessite une ou plusieurs personnes. Mais la ville de New York pousse le bouchon un peu plus loin. Le projet est critiqué par de nombreuses personnes et par plusieurs groupes progressistes. Ces derniers qualifient à nouveau cette initiative de gaspillage d'argent.
La députée progressiste Alexandria Ocasio-Cortez l'a qualifié de drone terrestre de surveillance robotisée. « Bravo à tous ceux qui se sont battus contre les défenseurs des communautés qui demandaient que ces ressources aillent plutôt à des investissements comme l'orientation scolaire », a tweeté Ocacio-Cortez en février 2021, après que le robot Spot (surnommé DigiDog) a été déployé pour la première fois. À l'époque, DigiDog avait été qualifié de "raciste" et a été comparé à un épisode de la série dystopique britannique Black Mirror, dont le créateur a déclaré qu'il avait été inspiré par des robots similaires fabriqués par Boston Dynamics.
Le groupe STOP progressiste (Surveillance Technology Oversight Project) voit en ce projet un gaspillage d'argent public visant à envahir la vie privée des New-Yorkais. Il estime qu'il s'agit d'un dangereux coup de force du NYPD et a ajouté que "la ville devrait investir dans de véritables êtres humains, pas dans des robots". Interrogé sur la façon dont il comptait calmer les soupçons des gens à l'égard de l'appareil et garantir une utilisation sûre des robots, Adams a répondu : « eh bien, tout d'abord, nous sommes à New York. Il y a 8,5 millions de personnes et 35 millions d'opinions. Donc, quoi que vous fassiez, il y aura du pour et du contre ».
Selon certaines sources, les New-Yorkais ne sont pas seulement en colère contre le potentiel d'espionnage, ils sont aussi en colère contre le coût des robots. Le maire aurait dépensé plus de 750 000 dollars pour les deux nouveaux chiens robots, tout en obligeant les autres agences à réduire leurs budgets de 4 % (après une première réduction de budget de 3 % effectuée il y a quelques mois), ce qui aurait aggravé l'insécurité alimentaire, les crises d'expulsion, etc. Cependant, le NYPD estime que les deux robots Spot seront financés par l'argent des confiscations de la police de New York plutôt que par des fonds budgétaires.
En décembre dernier, la ville de San Francisco est revenue sur sa décision d'autoriser la police à déployer des robots pour tuer des suspects. La manœuvre fait suite aux protestations des citoyens et des groupes de défense des droits civils. Mais le revirement n'est pas permanent. La question est désormais examinée par un comité pour une discussion plus approfondie. Cela ravive le débat sur la possibilité d'une utilisation éthique de tels outils. En outre, Boston Dynamics continue de vendre son robot Spot pour de tels cas d'utilisation alors que l'entreprise a condamné en décembre la militarisation des robots et a refusé d'en faire autant avec ses propres.
Sources : conférence de presse du maire de New York, Surveillance Technology Oversight Project
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous de l'initiative de la ville de New York ?
Selon vous, ces robots sont-ils adaptés aux cas d'utilisation susmentionnés ?
Quelles sont les préoccupations éthiques que pose l'initiative de la police de New York ?
Voir aussi
Boston Dynamics condamne la militarisation des robots et s'engage à ne pas le faire avec ses propres robots, l'entreprise estime que cela introduit de nouveaux risques de dommages pour l'humanité
San Francisco revient sur son projet d'autoriser la police à déployer des robots capables de tuer des humains, et ravive le débat mondial sur la possibilité d'une utilisation éthique de tels outils
Les États-Unis vont maintenant déployer des drones équipés d'un logiciel de reconnaissance faciale lors des opérations spéciales, le projet suscite des critiques et des préoccupations éthiques