Neuralink est une startup de neurotechnologie cofondée par Elon Musk et qui développe des implants cérébraux d'interface neuronale directe (IND). L'année dernière, la startup a reçu le feu vert de la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis pour tester ces puces cérébrales sur des humains. Fin janvier 2024, Neuralink a implanté son premier patient Noland Arbaugh, 29 ans, qui est paralysé à partir des épaules. La puce permet à Arbaugh de déplacer le pointeur d'une souris d'ordinateur sur un écran simplement en l'imaginant et en y pensant, de jouer à des jeux tels que Mario Kart, les échecs, et bien d'autres.
Arbaugh dit qu'il n'y a pas de mots pour décrire à quel point "cette technologie est extraordinaire". Mais malgré le témoignage d'Arbaugh, il y a des ratés. L'implant d'Arbaugh, baptisé "Neuralink N1", a la taille d'une pièce de monnaie et comporte 64 fils, chacun plus fin qu'un cheveu humain, qui distribuent un total de 1 024 électrodes. Lors d'une récente interview, le patient a déclaré qu'environ 85 % des fils de l'implant cérébral de Neuralink se sont rétractés, entraînant des dysfonctionnements. L'on ignore exactement comment il a obtenu ce chiffre, mais il a évoqué les effets de ce problème connu par Neuralink.
Toutefois, cela suggère qu'il ne reste potentiellement plus que neuf ou dix des 64 fils d'origine en état de fonctionnement. Environ 870 des 1024 électrodes de la puce ne fonctionnent plus. Un problème que Neuralink aurait mis "quelques semaines" à corriger. Et lorsqu'il a demandé si la puce pouvait être retirée, réparée ou même remplacée, l'équipe médicale de Neuralink lui aurait répondu qu'elle préférait éviter une nouvelle opération du cerveau et recueillir davantage d'informations. Lors de l'interview avec le Wall Streel Journal, il a déclaré que Neuralink a résolu le problème et que son implant fonctionne mieux qu'avant.
Dans une mise à jour publiée discrètement au début du mois, Neuralink indique qu'il a finalement déterminé que le dysfonctionnement avait réduit le taux de bits par seconde (BPS) de la puce, une mesure de la vitesse et de la précision des performances du dispositif cérébral. Malgré ces couacs, Arbaugh déclare qu'il ne regrette pas d'avoir participé à l'expérience. Une modification de "l'algorithme d'enregistrement" a permis au dispositif d'Arbaugh de devenir plus sensible aux signaux de la population neuronale, d'améliorer les techniques de traduction de ces signaux en mouvements du curseur et d'améliorer l'interface utilisateur.
« Ces perfectionnements ont produit une amélioration rapide et soutenue du BPS, qui a maintenant dépassé les performances initiales de Noland », a écrit Neuralink à côté d'une illustration de graphique de données, sans autre citation. Les effets secondaires postopératoires d'Arbaugh confirment les rapports précédents selon lesquels les chercheurs de Neuralink savaient depuis des années que l'implant pouvait se déplacer à l'intérieur du crâne d'un sujet. Selon un rapport de Reuters, Neuralink savait que les fils pouvaient se rétracter, entraînant avec eux les électrodes sensibles qui décodent les signaux cérébraux.
D'après les sources, Neuralink a estimé que le risque était suffisamment faible pour qu'une nouvelle conception ne soit pas nécessaire. Elles ont également indiqué que la FDA, qui a autorisé les essais cliniques, était au courant du problème potentiel posé par les fils de l'implant cérébral, car Neuralink a communiqué à l'agence les résultats des essais sur les animaux dans le cadre de sa demande d'autorisation. Une personne au fait des plans de l'entreprise a déclaré au Wall Street Journal que Neuralink prévoit de résoudre le problème en implantant certains des fils ultrafins du dispositif plus profondément dans le cerveau du patient.
Selon le rapport de Reuters, si Neuralink poursuivait les essais cliniques sans modifier la conception, il pourrait être confronté à des difficultés si d'autres fils se rétractaient et si la modification de l'algorithme s'avérait insuffisante. Toutefois, la refonte des fils comporte ses propres risques. Les ancrer dans le cerveau, par exemple, pourrait endommager les tissus cérébraux si les fils se délogeaient ou si l'entreprise devait retirer le dispositif. L'entreprise se serait efforcée de concevoir les fils de manière à ce qu'ils puissent être retirés en douceur, afin que l'implant puisse être mis à jour au fur et à mesure que la technologie s'améliore.Redefining the boundaries of human capability requires pioneers.
— Neuralink (@neuralink) May 16, 2024
If you have quadriplegia and want to explore new ways of controlling your computer, we invite you to participate in our clinical trial. pic.twitter.com/svqfAkVV1M
Les spécialistes qui ont étudié les dispositifs cérébraux affirment que le problème de la rétractation des fils peut être difficile à résoudre, en partie à cause de la mécanique des mouvements du cerveau à l'intérieur du crâne. Robert Gaunt, ingénieur en neurologie à l'université de Pittsburgh, a qualifié de décevante la rétractation des fils si peu de temps après l'opération, mais a précisé que cela n'était pas imprévisible. « Dans les jours, les semaines et les mois qui suivent un tel implant, c'est probablement la période la plus vulnérable », a-t-il déclaré. Neuralink est également accusé d'avoir précipité les essais cliniques.
Lors des essais sur les animaux, Neuralink a constaté qu'un sous-ensemble de porcs implantés avec son dispositif développait un type d'inflammation dans le cerveau appelé granulome, ce qui a fait craindre aux chercheurs de Neuralink que les fils puissent en être la cause. Les granulomes sont une réaction inflammatoire des tissus qui peut se former autour d'un corps étranger ou d'une infection. Dans un cas au moins, un porc a développé un cas grave de cette affection. Selon les documents internes de Neuralink, l'animal a eu de la fièvre et des nausées après l'opération, et a fini par mourir.
Les chercheurs de Neuralink n'ont pris conscience de l'ampleur du problème qu'en examinant le cerveau du porc après l'autopsie. Au sein de Neuralink, les chercheurs ont débattu de la manière de remédier au problème et ont entamé une enquête de plusieurs mois, ont déclaré les sources au fait des événements. Selon les sources interrogées dans le cadre du rapport, en fin de compte, l'entreprise n'a pas pu déterminer la cause des granulomes, mais a conclu que le dispositif cérébral et les fils attachés n'étaient pas à blâmer. Pour l'instant, l'on ignore les plans de Neuralink pour la prochaine version de son dispositif.
Neuralink a reçu le feu vert de la FDA pour implanter une puce cérébrale à un deuxième patient. L'entreprise prévoit greffer sa puce sur le deuxième patient en juin et sur 10 personnes au total cette année, ajoutant que plus de 1 000 tétraplégiques se sont inscrits à son registre de patients.
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