
selon une action en justice contre Tesla d'Elon Musk
Michael Sheehan, un homme de 47 ans originaire de Cypress, au Texas, a trouvé la mort après avoir perdu le contrôle de son Cybertruck, seulement 102 jours après son achat. Le Cybertruck a quitté la route, heurté une barrière en béton, puis pris feu. L'intensité de l'incendie a été telle que la température à l'intérieur de la cabine a atteint 2 760 °C, causant la désintégration partielle de son squelette. Le drame relance le débat sur les choix de conception controversés du Cybertruck qui se révèlent problématiques dans des situations d'urgence. Les défauts techniques et les promesses non tenues ont nui au programme Cybertruck, dont les stocks invendus s'accumulent.
La veuve et les parents de Michael Sheehan ont intenté une action en justice contre le constructeur automobile dirigé par Elon Musk. Selon la plainte, l'intensité de l'incendie a été si forte que le corps de la victime se serait même raccourci de près de 20 centimètres à cause de la chaleur. « Il mesurait 8 pouces de moins qu'avant la combustion. C'est une fracture thermique », a déclaré l'avocat S. Scott West. D'après lui, le Cybertruck de Tesla n'est pas sûr.
Michael Sheehan a été la première personne à périr dans un accident de Cybertruck après que le véhicule a été mis sur le marché en novembre 2023. Cependant, Scott West, qui a travaillé en tant qu'ingénieur en design industriel avant de devenir avocat, a déclaré que Michael Sheehan n'avait pas à mourir. La plainte allègue que le Cybertruck de Tesla, conçu de manière défectueuse, a piégé Michael Sheehan à l'intérieur de la cabine et l'a incinéré vivant.
« Chaque religion a une version de l'enfer, et chaque version de l'enfer contient du feu. C'est la torture la plus atroce et la plus longue de toutes les morts. Qu'il s'agisse de vapeur, de feu ou d'électricité, les nerfs sont littéralement exposés à tout. C'est horrible. Si vous avez déjà visité le service des grands brûlés d'un hôpital, vous entendrez des patients supplier les médecins de les laisser mourir tant la douleur est intense », a déclaré l'avocat des plaignants.
Scott West a expliqué qu'au cours des dix mois qui ont suivi la mort effroyable de Michael Sheehan, il a tenté de parvenir à un accord avec Tesla afin d'éviter un procès. Mais les discussions ont finalement échoué, ce qui a donné lieu à un procès. Il a déclaré : « nous devions aller de l'avant, pour la famille ».
Les choix de conception controversés du Cybertruck d'Elon Musk
Les choix de conception du Cybertruck de Tesla font l'objet de controverses pour plusieurs raisons, qui touchent autant à la sécurité des usagers qu'à des décisions esthétiques radicales jugées incompatibles avec les normes automobiles traditionnelles. Le Cybertruck de Tesla n'est pas autorisé en Europe en raison de problèmes tels que : une carrosserie trop rigide qui absorbe mal l’énergie des chocs, et non-respect des normes de sécurité pour les piétons.
Il s'agit ici d'un exemple d'une série d'incidents dans lesquels des conducteurs se sont retrouvés coincés à l'intérieur de leur Tesla après un accident. Dans de nombreux modèles, le déverrouillage manuel des portes peut être difficile à trouver. Il y a eu des incidents où les portes électroniques ne s'ouvraient pas.
Portes et poignées électroniques peu fiables en cas d'urgence
Le Cybertruck utilise un système d'ouverture entièrement électronique. Lorsqu'un accident provoque une coupure de courant, ces portes deviennent inopérantes. Les poignées extérieures disparaissent dans la carrosserie pour des raisons esthétiques, rendant l'ouverture manuelle pratiquement impossible sans connaître l'existence d'un levier d’urgence mal signalé. Cela peut empêcher les secours – ou même le conducteur – d'évacuer le véhicule à temps.
Et si le véhicule venait à prendre feu, les batteries lithium-ion alimenteraient longuement un incendie violent, rendant l'intervention des pompiers extrêmement difficile. Dans le cas de Michael Sheehan, il rentrait chez lui en voiture lorsque « le Cybertruck a quitté la route et heurté un gros ponceau en béton ».
Ensuite, le système de batterie « hyper volatile » du véhicule est entré en « emballement thermique » - une réaction en chaîne de courts-circuits aboutissant finalement à une escalade incontrôlable de la température - et s'est enflammé. Une fois le courant coupé, il était impossible pour lui d'ouvrir les portes électriques du Cybertruck de manière normale. Il s'agit d'un problème majeur qui a également condamné d'autres personnes voyageant dans des Tesla.
« Les poignées de porte extérieures ne fonctionnent pas non plus, et les poignées de porte manuelles d'urgence du Cybertruck sont déraisonnablement difficiles à localiser en cas d'urgence », indique la plainte. Selon l'avocat, l'esthétique a eu la priorité sur la fonctionnalité chez Tesla lors de la conception du Cybertruck.
Une structure trop rigide et un risque d'incendie trop élevé
Le Cybertruck est construit avec de l'acier inoxydable ultra-dur, choisi pour sa résistance. Mais cette rigidité extrême absorbe mal l'énergie des chocs, ce qui peut aggraver les blessures en cas de collision, car la déformation de la carrosserie est l'un des moyens classiques de dissiper l'impact. Cela rend aussi les réparations plus coûteuses et difficiles. « Le Cybertruck n'est pas sûr pour nos routes et ce programme devrait être arrêté », a écrit un critique.
En outre, les cellules de batteries utilisées dans le Cybertruck sont très puissantes et denses, augmentant la portée, mais aussi les risques en cas de choc. Lorsqu'elles entrent en surchauffe (emballement thermique), elles peuvent dégager une chaleur extrême et difficile à contenir très rapidement. Plusieurs experts affirment que Tesla aurait pu opter pour des solutions chimiques moins volatiles, au détriment peut-être de l'autonomie ou du poids.
« Tesla aurait pu choisir d'utiliser des cellules de batterie plus sûres avec une propagation thermique plus lente, qui sont facilement disponibles, ce qui aurait donné aux occupants plus de temps pour sortir après un accident. Cela n'aurait pas eu d'incidence sur l'utilité du véhicule, et d'autres conceptions étaient à la fois économiquement et technologiquement réalisables », peut-on lire dans la plainte déposée par la famille Michael Sheehan.
« Je trouve incroyable que nous ayons conçu une chimie de batterie qui ne vous brûle pas vif en cas d'accident, mais que Tesla ait décidé d'utiliser la chimie du meurtre à la place. Cette solution dangereuse a transformé le Cybertruck en ce qu'on pourrait appeler Crematoriumtruck », a écrit un critique.
Une esthétique futuriste qui compromet la sécurité passive
Elon Musk a voulu faire du Cybertruck un objet de rupture stylistique. Le véhicule a une allure futuriste. Cependant, cette ambition se heurte aux exigences pratiques de la sécurité automobile. Le choix d'angles vifs, d'arêtes métalliques saillantes et d'une forme non conventionnelle soulève des inquiétudes, notamment en cas de choc avec des piétons ou cyclistes. Certains analystes évoquent même un danger accru pour les autres usagers de la route.
Le design anguleux et massif du Cybertruck limite la visibilité périphérique malgré les nombreuses caméras. Le manque d'essuie-glace arrière et le positionnement de certains éléments comme les clignotants ou les rétroviseurs sont aussi critiqués comme étant non conformes aux standards de sécurité usuels.
Cela est particulièrement alarmant pour le Cybertruck. Il a fait l'objet de huit rappels pour des défauts de conception majeurs, allant d'accélérateurs qui peuvent se bloquer à des panneaux de carrosserie géants qui peuvent se décoller. Un autre accident survenu en novembre dernier a impliqué un jeune homme qui a désespérément tenté, sans succès, de sauver ses trois amis piégés à l'intérieur d'un Cybertruck en feu à Piedmont, en Californie.
« Non seulement vous roulez sur 1 360 kg de batteries, mais cette conception de type vaisseau spatial est une arme à double tranchant », a déclaré Scott West. L'avocat a admis que Michael Sheehan avait consommé de l'alcool. Toutefois, il estime que « ce fait n'aurait pas dû signer son arrêt de mort ».
Le logiciel Full Self-Driving de Tesla fait l'objet d'enquêtes
Les systèmes Autopilot et Full Self-Driving (FSD) de Tesla, longtemps présentés comme les piliers de son avance en matière de conduite autonome, sont aujourd’hui au cœur de nombreuses controverses. Plusieurs accidents, parfois mortels, impliquant des véhicules Tesla en mode Autopilot, ont déclenché des enquêtes fédérales aux États-Unis, notamment par la NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) et le département de la Justice (DOJ).
Ces autorités cherchent à déterminer si Tesla a minimisé les limites de ses systèmes et surestimé leurs capacités dans ses communications publiques. Même les terminologies (« Autopilot » et « Full Self-Driving ») sont critiquées. Selon les experts, ces terminologies peuvent induire les conducteurs en erreur, en leur laissant croire que leur Tesla peut réellement se conduire toute seule, alors qu'il ne s'agit que d'un système d'assistance à la conduite.
Fait intéressant, en mars 2025, Tesla a annoncé la suppression de l'appellation Full Self-Driving de son logiciel de conduite autonome en Chine. En abandonnant cette terminologie en Chine, l'entreprise semble vouloir éviter toute confusion et désillusion auprès des consommateurs chinois qui pourraient avoir des attentes irréalistes quant aux capacités réelles de son logiciel. Tesla a déjà été condamné en Corée du Sud pour publicité mensongère.
En parallèle, le logiciel Full Self-Driving de Tesla, vendu à un prix élevé est toujours en phase bêta et l'objet de nombreuses critiques pour son manque de fiabilité. De nombreux propriétaires de Tesla et des analyses indépendantes ont rapporté des comportements incohérents des Tesla en mode Full Self-Driving, comme des freinages fantômes, des hésitations aux intersections, ou des réactions inappropriées dans des environnements urbains complexes.
Ces dysfonctionnements techniques, combinés à la pression réglementaire, sapent la crédibilité de Tesla. À l'international, notamment en Europe, cette insécurité perçue contribue à détourner les consommateurs au profit de constructeurs proposant des systèmes plus transparents et mieux encadrés. Aux États-Unis, la NHTSA a ouvert plus de 40 enquêtes sur les accidents impliquant les systèmes de conduite assistée Autopilot et Full Self-Driving de Tesla.
Les stocks du Cybertruck s'accumulent et son avenir est incertain
Le Cybertruck, un véhicule qui a fait l'objet d'une grande publicité et qui devait inaugurer une nouvelle ère pour les véhicules électriques, est aujourd'hui considéré comme un échec cuisant. Le véhicule qui enregistrait des dizaines de milliers de commandes sur les 9 premiers mois de sa disponibilité à la vente est désormais peu demandé, et les stocks grimpent dans les usines. Même avec un financement à prix réduit, Tesla n'arrive pas à vendre son pickup futuriste.
Cela crée des problèmes d'entreposage à Tesla. Et il semble que Tesla ait recours à des sites de stockage non conventionnels pour les véhicules invendus. Des dizaines de Cybertruck invendus sont stationnés dans un centre commercial délabré de Farmington Hills, dans la banlieue de Détroit (Michigan). Mais les autorités locales ne sont pas satisfaites de cette situation. L'utilisation du terrain pour l'entreposage de véhicules est contraire au code de la ville.
D'autres modèles de Tesla occupent également plusieurs rangées de places de parking. Selon les rapports sur la situation, le parking ressemble aujourd'hui à un cimetière dystopique avec des rangées et des rangées de Cybertruck argentés et brillants qui occupent l'espace où les clients venaient autrefois visiter les magasins Bed Bath & Beyond et Torrid, aujourd'hui fermés. Le Buffalo Wild Wings du centre commercial est cependant toujours ouvert.
Le terrain est situé à proximité d'une nouvelle salle d'exposition Tesla à West Bloomfield, ce qui pourrait expliquer le débordement. Selon Charmaine Kettler-Schmult, directrice de la planification et du développement communautaire de Farmington Hills, le propriétaire du centre commercial a déjà été informé de l'infraction. Charmaine Kettler-Schmult a toutefois admis aux journalistes que « le processus d'application de la loi prend du temps ».
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