
les problèmes techniques persistent et le logiciel rebute les clients
Depuis 2016, Tesla affirmait que tous ses véhicules en production seraient capables d'atteindre une capacité de conduite autonome sans supervision. Le PDG Elon Musk a affirmé que cela se produirait « d'ici la fin » de chaque année depuis 2018. Tesla a même vendu à ses clients un logiciel appelé « Full Self-Driving » (FSD) pour un montant pouvant atteindre 15 000 dollars, promettant que le système d'aide à la conduite deviendrait entièrement autonome grâce à des mises à jour logicielles. Mais près d'une décennie plus tard, il n'en est rien. Alors que le logiciel est confronté à de nombreuses défaillances techniques, Tesla décide de renoncer à cette promesse.
En juillet 2025, le PDG de Ford, Jim Farley, a fait part de son scepticisme à l'égard de l'approche de Tesla en matière de conduite autonome. Tesla s'appuie uniquement sur des caméras pour ses fonctions de conduite autonome, tandis que Waymo utilise une combinaison de caméras, de radars et de LiDAR. Invité à comparer les deux systèmes, Jim Farley a souligné les limites du modèle de Tesla et a déclaré que l'approche de Waymo semble « plus logique ».
Aujourd'hui, Tesla a modifié la signification de « conduite entièrement autonome » pour renoncer à sa promesse initiale d'offrir une autonomie sans supervision. L'entreprise a déjà confirmé que tous les véhicules produits entre 2016 et 2023 ne disposent pas du matériel nécessaire pour offrir une conduite autonome comme promise. Cela signifie que Tesla a menti lorsqu'il a promis à ses clients qu'ils pourraient un jour convertir leurs véhicules en « robotaxis ».
Tesla a modifié son discours et ne vend désormais plus que des systèmes « Full Self-Driving (Supervised) » (conduite entièrement autonome sous supervision) à ses clients. Les petits caractères précisent que cela ne rend pas le véhicule « autonome » et ne promet pas cette fonctionnalité. Ainsi, les clients qui achètent le Full Self Driving aujourd'hui n'achètent pas la capacité de conduite autonome sans supervision comme l'ont fait les acheteurs précédents.
Tesla a vendu le pack Full Self-Driving Capability pour un montant pouvant atteindre 15 000 dollars, assurant aux clients que le système évoluerait vers une autonomie totale grâce à des mises à jour en direct. Mais aujourd'hui, l'on est bien loin de la vision initiale. En réalité, le Full Self-Driving est désormais commercialisé comme un simple système avancé d'aide à la conduite (ADAS) sans aucun engagement en matière d'autonomie sans surveillance.
Full Self-Driving : une nouvelle définition extrêmement vague
La conduite entièrement autonome promise par Tesla depuis 2016 et son PDG Elon Musk n'arrivera peut-être jamais. Près d'une décennie plus tard, cette promesse n'a toujours pas été tenue et l'entreprise est en train de modifier ses plans pour l'avenir. Le quatrième volet du « Master Plan » de Tesla recentre la vision de l'entreprise autour de l'intelligence artificielle, des robots humanoïdes et de ce que les dirigeants appellent « abondance durable ».
De plus, le conseil d'administration de Tesla vient de soumettre à l'approbation des actionnaires un nouveau programme de rémunération sans précédent pour le PDG, qui pourrait rapporter à Elon Musk jusqu'à 1 000 milliards de dollars en options sur actions, sous réserve de la réalisation de certains objectifs.
L'une de ces étapes importantes est que Tesla compte « 10 millions d'abonnements actifs au Full Self-Driving ». À première vue, cela serait encourageant pour les acheteurs de Full Self-Driving, car une partie de la rémunération d'Elon Musk dépendrait de la réalisation des promesses faites concernant le Full Self-Driving. Mais Tesla a modifié la définition du Full Self-Driving dans le plan de rémunération en lui donnant une définition extrêmement vague.
Tesla précise désormais : « FSD désigne un système de conduite avancé, quel que soit le nom commercial utilisé, capable d'effectuer des tâches de transport offrant une fonctionnalité autonome ou similaire dans des conditions de conduite spécifiques ». Cette définition réduit en fait le Full Self Driving à tout système de conduite avancé pouvant inclure des fonctions d'aide à la conduite supervisées. Ce qui est loin de la promesse initiale d'Elon Musk.
Cette redéfinition signifie que Tesla ne promet plus aux propriétaires qu'ils pourront s'endormir et se réveiller à destination sans surveillance, une promesse qu'Elon Musk a utilisée pendant des années pour stimuler les ventes. Cela met en évidence une différence flagrante entre la manière dont Tesla commercialise le logiciel auprès des clients et des investisseurs et le langage prudent utilisé dans les documents juridiques et les documents relatifs à la rémunération.
La nouvelle définition vague permet à Tesla de baisser les prix du Full Self-Driving et d'inciter les clients à acheter le FSD sans tenir ses promesses initiales en matière d'autonomie, tandis que Musk pourrait encore gagner des centaines de milliards en rémunération sous forme d'actions.
Le prix du Full Self-Driving de Tesla a déjà considérablement baissé, ce qui coïncide avec une baisse des ventes de Tesla. La tendance de l'entreprise à revoir ses attentes à la baisse et à ajuster ses définitions rappelle des cas passés où Tesla a techniquement tenu ses promesses de manière limitée, loin des attentes du public.
Conduite autonome : l'échec de l'Autopilot et du Full Self-Driving
La conduite autonome est la promesse centrale autour de laquelle Elon Musk a bâti son entreprise. Il est convaincu qu'il s'agit de la prochaine frontière de l'industrie automobile. Tesla n'a jamais livré de véhicule véritablement autonome, mais le milliardaire continue d'affirmer que ses voitures rouleront bientôt sans aucune intervention humaine. En attendant, l'Autopilot, son logiciel d'aide à la conduite, n'est pas vraiment aussi avancé qu'il le prétend.
Les documents contiennent plus de 2 400 plaintes de clients concernant des accélérations involontaires et plus de 1 500 problèmes de freinage, dont 139 cas impliquant un freinage d'urgence sans cause et 383 freinages fantômes déclenchés par de fausses alertes de collision. Plus de 1 000 accidents sont documentés.
Une feuille de calcul distincte sur les incidents liés à l'aide à la conduite, pour lesquels les clients ont soulevé des préoccupations en matière de sécurité, répertorie plus de 3 000 entrées. La plus ancienne date de 2015, la plus récente de mars 2022. Sur cette période, Tesla a livré environ 2,6 millions de véhicules équipés du logiciel Autopilot. La plupart des incidents se sont produits aux États-Unis, mais des plaintes ont été enregistrées en Europe et en Asie.
Les clients ont décrit leurs voitures comme accélérant soudainement ou freinant brusquement. Certains s'en sont sortis avec une frayeur, d'autres ont fini dans des fossés, ont percuté des murs ou sont entrés en collision avec des véhicules venant en sens inverse. « Après avoir déposé mon fils sur le parking de son école, alors que je m'apprêtais à prendre la sortie à droite, la voiture a soudainement fait un bond en avant », peut-on lire dans une plainte.
Une deuxième personne a écrit : « mon Autopilot a échoué (mal fonctionné) ce matin (la voiture n'a pas freiné) et j'ai failli percuter quelqu'un à 105 km/h. » Une autre a rapporté : « aujourd'hui, alors que ma femme conduisait avec notre bébé dans la voiture, celle-ci a soudainement accéléré sans raison ».
Ces dernières années, la NHTSA a recensé plusieurs cas dans lesquels des Tesla ont percuté des véhicules d'urgence à l'arrêt. Dans chacun de ces cas, l'Autopilot s'est désactivé « moins d'une seconde avant l'impact », ce qui laisse beaucoup trop peu de temps au conducteur pour réagir. Les critiques ont averti que ce comportement pourrait permettre à Tesla de faire valoir devant les tribunaux que l'Autopilot n'était pas activé au moment de l'impact.
Le YouTuber Mark Rober, ancien ingénieur à la NASA, a reproduit ce comportement dans une expérience réalisée le 15 mars 2025. Il a simulé une série de situations dangereuses dans lesquelles la Tesla Model Y a obtenu des résultats nettement inférieurs à ceux d'un véhicule concurrent. La Tesla a roulé à plusieurs reprises sur un mannequin d'essai sans freiner. La vidéo est devenue virale, accumulant plus de 14 millions de vues en quelques jours.
L'expérience du YouTuber Mark Rober renforce l'argument selon lequel les systèmes de conduite autonome basés sur le LiDAR sont plus fiables que les systèmes de conduite autonome utilisant uniquement des caméras, comme les systèmes Autopilot et Full Self-Driving de Tesla. La seconde voiture testée par Mark Rober est équipée d'un système de conduite autonome utilisant une combinaison de LiDAR, de caméras et d'autres types de capteurs.
Tesla a décidé de renoncer au LiDAR et de s'appuyer entièrement sur la vision par ordinateur. Selon les critiques, la vision par ordinateur est limitée, ce qui justifierait les défaillances des systèmes Autopilot et Full Self-Driving de Tesla. Le PDG de Tesla, Elon Musk, a qualifié le LiDAR de « béquille », et a déclaré qu'il s'agit d'une « aventure insensée ». Cependant, de nombreux experts de l'industrie automobile ne partagent pas l'avis du PDG de Tesla.
Le logiciel FSD de Tesla est très impopulaire et rebute les clients
Les ventes de Tesla ont chuté de 60 % en France, d’après des données du premier trimestre de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). La raison a à voir avec le logiciel Full Self Driving à propos duquel plus de la moitié des 8000 consommateurs interrogés dans le cadre d’une récente enquête de l’Electric Vehicle Intelligence Report (EVIR) déclarent qu’il devrait être illégal. C’est le résultat des pratiques commerciales trompeuses de l’entreprise qui finissent par attirer les regards sur la valeur réelle de la filière du véhicule automobile dans son ensemble.
Tesla a récemment supprimé le terme « Full Self-Driving » du nom de son logiciel de conduite autonome en Chine, le FSD ayant déjà été taxé de publicité mensongère pour avoir laissé croire que les véhicules Tesla étaient entièrement autonomes.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a pour sa part déclaré que ses agents avaient enquêté sur la filiale française de Tesla entre 2023 et 2024 après que des plaintes aient été déposées sur une plateforme dédiée aux consommateurs.
L'enquête a révélé « des pratiques commerciales trompeuses concernant les capacités de conduite entièrement autonome des véhicules Tesla, la disponibilité de certaines options et les offres de reprise de véhicules », selon la DGCCRF.
L'agence a également cité des retards dans le remboursement des commandes annulées, un manque d'informations sur le lieu de livraison et des contrats de vente incomplets, entre autres infractions.
Tesla a obtenu un délai de quatre mois pour se mettre en conformité avec la réglementation. L'entreprise s'expose à une amende journalière de 50 000 euros si elle ne met pas fin à ses pratiques commerciales trompeuses concernant l'option de conduite entièrement autonome de certains modèles Tesla.
L'enquête de la DGCCRF fait écho à des préoccupations plus générales concernant la technologie de conduite autonome de Tesla. Lors d'un test de 1 600 kilomètres mené par la société indépendante AMCI, le système Full Self-Driving de Tesla a commis des erreurs occasionnelles dangereuses et a nécessité l'intervention du conducteur à plus de 75 reprises alors que le système était actif.
Ces préoccupations sont d'autant plus importantes que les statistiques de sécurité sont inquiétantes. Selon une récente étude, malgré des fonctionnalités avancées telles que l'Autopilot et le Full Self-Driving, censées réduire l'erreur humaine, Tesla aurait le taux d'accidents mortels le plus élevé parmi les marques automobiles. Ce constat soulève de nombreuses questions sur la sécurité des voitures électriques, l’efficacité des systèmes d’assistance à la conduite et le comportement des conducteurs.
Conclusion
La manière dont Tesla aborde l'autonomie avec ses clients et ses investisseurs diffère considérablement de la façon dont il présente la fonction dans ses documents judiciaires et ses documents juridiquement contraignants. Cela devrait inquiéter toute personne intéressée par cette question. Avec cette description très vague dans le nouveau programme de rémunération du PDG, Tesla pourrait littéralement baisser le prix du logiciel et même supprimer l'Autopilot de base afin d'inciter les clients à opter pour le FSD et permettre à Elon Musk d'empocher des centaines de milliards de dollars en actions.
Il existe un précédent concernant la baisse des prix du FSD par Tesla. Au départ, Elon Musk avait déclaré que Tesla augmenterait progressivement le prix du pack FSD à mesure que les fonctionnalités s'amélioreraient et se rapprocheraient de l'autonomie sans supervision. Cela a été vrai pendant un certain temps, mais Tesla a ensuite commencé à réduire considérablement les prix du FSD, qui ont désormais baissé de 7 000 dollars par rapport à leur niveau record de 2023.
La tendance est assez évidente et a coïncidé avec le début du déclin des ventes de Tesla. Le FSD est désormais un simple système ADAS sans aucune promesse de conduite autonome sans supervision. Il s'agit peut-être, en toute honnêteté, de l'un des plus grands cas de publicité mensongère ou de publicité trompeuse jamais vus. Elon Musk a évoqué la mise à niveau des ordinateurs de ces véhicules afin d'apaiser les propriétaires, mais aucun plan concret n'a été mis en place pour la mettre en œuvre.
Source : Tesla
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