IdentifiantMot de passe
Loading...
Mot de passe oublié ?Je m'inscris ! (gratuit)

Vous êtes nouveau sur Developpez.com ? Créez votre compte ou connectez-vous afin de pouvoir participer !

Vous devez avoir un compte Developpez.com et être connecté pour pouvoir participer aux discussions.

Vous n'avez pas encore de compte Developpez.com ? Créez-en un en quelques instants, c'est entièrement gratuit !

Si vous disposez déjà d'un compte et qu'il est bien activé, connectez-vous à l'aide du formulaire ci-dessous.

Identifiez-vous
Identifiant
Mot de passe
Mot de passe oublié ?
Créer un compte

L'inscription est gratuite et ne vous prendra que quelques instants !

Je m'inscris !

Tesla veut tourner la page de l'automobile traditionnelle : Elon Musk parie tout sur le robotaxi malgré une longue liste de ratés et les scandales liés à Autopilot et Full Self-Driving

Le , par Stéphane le calme

5PARTAGES

4  0 
Tesla veut tourner la page de l'automobile traditionnelle : Elon Musk parie tout sur le robotaxi malgré une longue liste de ratés
et les scandales liés à Autopilot et FSD

Tesla ne veut plus être un simple constructeur automobile. Elon Musk mise désormais tout sur le robotaxi, une technologie encore inachevée, pour transformer son entreprise en géant de la mobilité autonome. Mais entre promesses non tenues, enquêtes sur l’Autopilot, rappels massifs et critiques sociales, Tesla traîne un lourd passif. Peut-elle vraiment se réinventer en leader du transport du futur ou risque-t-elle de s’effondrer sous ses propres contradictions ?

Depuis sa création, Tesla a bâti son image comme le constructeur qui a révolutionné la voiture électrique. Pourtant, Elon Musk semble désormais vouloir tourner la page de l’automobile traditionnelle. Derrière les discours sur « l’avenir de la mobilité », le nouveau plan directeur de Tesla laisse transparaître une stratégie plus radicale : réduire, voire abandonner la fabrication de voitures grand public pour se concentrer sur un réseau de robotaxis autonomes.

Cette bascule n’est pas anodine. Elle signifie que Tesla ne veut plus être jugée comme une marque d’automobiles, mais comme une entreprise de technologie opérant une flotte mondiale de véhicules autonomes, sur le modèle d’Uber ou Lyft, mais sans chauffeurs.

À l'exception du Cybertruck, qui connaît des difficultés, Tesla n'a pas lancé de voiture électrique entièrement nouvelle depuis cinq ans. Musk a indiqué qu'il souhaitait que Tesla se concentre principalement sur la construction de robotaxis et de robots. La technologie des véhicules autonomes « est le produit qui fait de Tesla une entreprise valant dix mille milliards de dollars », a-t-il déclaré à son biographe, Walter Isaacson. « Les gens parleront encore de ce moment dans cent ans. » Pendant ce temps, Tesla a continué à tirer la quasi-totalité de ses revenus de la vente de voitures.

Le rêve récurrent du robotaxi

Depuis 2016, Musk promet l’arrivée imminente de flottes de robotaxis Tesla. Le principe est simple : transformer les voitures existantes via des mises à jour logicielles et lancer de nouveaux modèles optimisés pour ce service. Chaque propriétaire pourrait, selon Musk, intégrer sa voiture au réseau et générer des revenus passifs. Mais neuf ans plus tard, ces promesses ne se sont jamais concrétisées.

Si Tesla cherche à se réinventer, c’est aussi parce que l’entreprise traîne un lourd passif. Les accidents impliquant le système Autopilot ou le Full Self-Driving ont valu à la société plusieurs enquêtes et procès. Les régulateurs américains et européens reprochent régulièrement à Tesla de survendre ses capacités autonomes.

Par ailleurs, la qualité de fabrication des véhicules a souvent été pointée du doigt : finitions médiocres, rappels massifs, problèmes logiciels à répétition. À cela s’ajoutent des accusations sur les conditions de travail dans ses usines, des grèves en Europe, et des critiques liées à la communication outrancière de Musk, qui annonce régulièrement des délais intenables.

Désormais, il est plus clair que jamais que l'avenir de Tesla ne réside pas dans la vente de voitures. Le dernier « Master Plan IV » de l'entreprise, publié en début de semaine dernière, ne fait aucune mention de nouveaux modèles de voitures électriques en cours de développement. Il s'agit plutôt d'un rêve technocratique effréné, prédisant un avenir dans lequel des robots humanoïdes fabriqués par Tesla nous libéreraient des tâches quotidiennes et créeraient une utopie « d'abondance durable ». Dans la mesure où les voitures sont mentionnées, c'est dans le contexte des robotaxis ou des batteries qui les alimentent. En d'autres termes, Tesla, la plus grande entreprise de véhicules électriques du pays, veut se retirer du secteur automobile.

Ce nouveau plan directeur, publié naturellement sur la plateforme X de Musk, pourrait facilement passer inaperçu. Ce document d'environ 1 000 mots est extrêmement vague et contient des phrases telles que : « La caractéristique principale de la méritocratie est de créer des opportunités qui permettent à chacun d'utiliser ses compétences pour réaliser tout ce qu'il imagine. » Même Musk a admis sur X que le plan devait être « plus précis ».


Le Plan Directeur : le chemin que Tesla annonce suivre

Mais Tesla n'a publié que trois plans directeurs depuis sa création en 2003, et ceux-ci ont généralement ouvert la voie à l'avenir de Tesla. Le premier, publié en 2006, traçait la voie que Tesla allait suivre avec ses véhicules électriques : commencer par une voiture électrique coûteuse, puis utiliser les bénéfices réalisés pour se diversifier dans des modèles plus abordables. Presque tous les concurrents de Tesla suivent encore la même feuille de route. Puis, en 2016, le « Master Plan, Part Deux » a mis l'accent sur une vision plus approfondie pour davantage de voitures électriques, notamment un futur SUV qui est devenu le Model Y et « un nouveau type de pick-up ». Ce dont Tesla parlait est assez évident aujourd'hui.

Si le plan directeur de la semaine dernière reflète une entreprise déterminée à aller au-delà des voitures, la divergence a commencé à l'époque du deuxième rapport. Même en 2016, Musk envisageait un avenir dans lequel des voitures entièrement autonomes généreraient des revenus passifs pour les gens pendant qu'ils travaillaient ou dormaient.

Le troisième plan directeur, publié en 2023, est un livre blanc de 41 pages sur l'avenir de l'énergie durable et la manière dont elle pourrait alimenter des flottes de véhicules autonomes.

Mais la dernière version est beaucoup plus axée sur l'IA que les précédentes. Les images sont éloquentes : sur l'une d'elles, une famille joue au Jenga sur sa table basse tandis qu'un robot Tesla arrose les plantes derrière elle. À l'heure actuelle, Musk a plus que jamais de raisons de miser tout sur les robots : aujourd'hui, le conseil d'administration de Tesla a dévoilé une nouvelle rémunération potentielle pour son PDG, lui promettant jusqu'à 1 000 milliards de dollars (oui, mille milliards) s'il atteint certains objectifs, notamment le déploiement de millions de robots et de robotaxis au cours de la prochaine décennie.


Une révolution qui tourne court dès les premiers tours de roue

L’expérimentation des robotaxis Tesla ne devait concerner qu’un nombre réduit de véhicules, sur un périmètre contrôlé. Pourtant, ces conditions supposément sécurisées n’ont pas empêché une cascade de dysfonctionnements :
  • Le passager appuie sur « pull over », le robotaxi s'arrête au milieu d'une intersection, le passager descend pendant que le Robotaxi bloque l'intersection pendant quelques instants.


    Rendez-vous à 37:57
  • Le passager appuie sur « pull over » et la voiture s'arrête au milieu de la route. Le moniteur de sécurité doit appeler le service d'assistance aux passagers pour faire repartir la voiture.


    Rendez-vous à 9:07
  • Conduite à contresens dans une rue à sens unique : plusieurs vidéos virales montrent un robotaxi Tesla s'engager à contresens dans une rue texane, mettant en danger les autres usagers.
  • Franchissement illégal de lignes continues et confusion dans les carrefours : d’autres incidents rapportent des trajectoires erratiques à l’approche d’intersections, parfois avec franchissement de la ligne jaune et positionnement dans la mauvaise voie.
  • Excès de vitesse dans des zones limitées : des utilisateurs ont filmé des robotaxis roulant bien au-dessus de la limite autorisée, ce qui pose la question du calibrage des algorithmes en contexte urbain réel.
  • Freinages fantômes : hérités du mode Full Self-Driving classique, le véhicule s'arrête soudainement sans raison apparente. Le système de perception de Tesla, basé uniquement sur une caméra, a longtemps eu des problèmes avec le freinage fantôme, semblant mal interpréter les ombres, le marquage de la route ou d'autres facteurs environnementaux, ce qui déclenche le freinage d'urgence automatique du véhicule sans obstacle visible, ce qui pourrait provoquer des collisions en chaîne.

    Ici par exemple, le robotaxi coupe la route à une autre voiture et freine pour éviter l'ombre d'un arbre.


    Rendez-vous à 19:32

    Ici, le robotaxi freine inopinément, faisant tomber le téléphone du passager


    Rendez-vous à 10:19

    Ici, le robotaxi freine inopinément, peut-être à cause de la présence de la police à proximité.



Enquête fédérale et doute institutionnel

La multiplication des vidéos amateurs documentant ces incidents n’a pas tardé à attirer l’attention des autorités. La NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) a ouvert une enquête officielle. En parallèle, des voix s’élèvent au Texas pour demander un moratoire sur le déploiement de ces véhicules, en attendant que leur fiabilité soit démontrée.

Le 17 octobre 2024, la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) a ouvert une nouvelle enquête de sécurité concernant les systèmes de "Full Self-Driving" (FSD) de Tesla impliquant 2,4 millions de véhicules. Cette enquête fait suite à quatre accidents impliquant des véhicules Tesla utilisant le système FSD dans des conditions de visibilité réduite, telles que le brouillard, la lumière du soleil et la poussière en suspension. L'un de ces accidents a conduit à la mort d'un piéton en 2023. Les enquêteurs de la NHTSA vont examiner la capacité du système FSD à détecter et à réagir de manière appropriée à ces conditions de visibilité réduite. Ils chercheront également à comprendre les circonstances contribuant à ces accidents.

L'enquête vise à déterminer la capacité de la FSD à « détecter les conditions de visibilité réduite sur la route et à y répondre de manière appropriée ». Contrairement à presque tous les autres systèmes déployés sur la route, Tesla choisit de s'appuyer uniquement sur des caméras et ne dispose pas d'une configuration stéréoscopique, mais plutôt d'un capteur grand angle, d'un capteur principal et d'un capteur à angle étroit orienté vers l'avant. Par ailleurs, des centaines de milliers de Teslas plus anciennes disposent d'un matériel moins performant, mais sont toujours en mesure d'utiliser la FSD.

La demande d'informations de la NHTSA à Tesla concernant le programme de robotaxis d'Austin s'inscrit dans cette surveillance continue. Tesla a d'ailleurs classé ses réponses comme des informations commerciales confidentielles, ce qui a suffit pour alimenter le débat sur la transparence nécessaire dans le développement de ces technologies.

Le contraste avec Waymo est frappant. L’entreprise d’Alphabet opère avec prudence, multiplie les tests, fournit des rapports détaillés. Tesla, elle, continue de s’appuyer sur une philosophie : « il faut tester en situation réelle pour progresser ». Mais à quel prix ?

Une stratégie fidèle au style Musk

Malgré ces obstacles, Musk reste fidèle à son mode opératoire. Il préfère la narration d’un futur grandiose aux réalités du présent. Comme pour SpaceX ou Neuralink, il s’agit moins de livrer des résultats immédiats que de convaincre les marchés et le public qu’il est en train de créer l’avenir. Mais Tesla n’est pas un laboratoire expérimental : c’est une société cotée en Bourse dont la survie dépend de sa crédibilité industrielle et financière. En misant tout sur un robotaxi qui n’existe pas encore comme l'entreprise le présente, Musk prend le risque de fragiliser encore davantage une entreprise déjà scrutée de près.

Le pari ou l’impasse

Si le projet de robotaxi fonctionne, Tesla pourrait sortir du lot et s’imposer comme la première plateforme mondiale de mobilité autonome, changeant durablement le visage des transports. Mais si ce projet échoue, l’entreprise pourrait se retrouver sans filet : affaiblie sur le marché automobile et décrédibilisée par des promesses non tenues. Tesla veut sortir du business automobile pour se réinventer comme pionnier de la mobilité du futur. Mais ses casseroles, ses retards et ses échecs passés risquent de peser lourd dans la balance. Reste à savoir si les investisseurs et les régulateurs seront prêts à suivre Elon Musk dans ce pari qui pourrait autant redéfinir Tesla qu’accélérer sa chute.

Source : Tesla Master Plan (2, 3, 4)

Et vous ?

Tesla peut-elle survivre sans la vente traditionnelle de voitures si le robotaxi n’aboutit pas ?

Le public fera-t-il confiance à un service autonome alors que l’Autopilot reste controversé ?

Les régulateurs accepteront-ils de valider un modèle aussi risqué après les nombreux incidents déjà recensés ?

La communication visionnaire de Musk est-elle encore un atout, ou devient-elle un handicap pour Tesla ?

Assiste-t-on à une mutation stratégique visionnaire, ou à une fuite en avant d’une entreprise fragilisée ?
Vous avez lu gratuitement 1 560 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.

Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !