
mais ses pratiques de sécurité sont toujours jugées laxistes
Boeing aurait commencé à travailler sur un avion monocouloir de nouvelle génération qui pourrait à terme succéder au 737 MAX. L'avionneur américain cherche à regagner les parts de marché perdues au profit de son rival européen Airbus à la suite d'une série de problèmes de qualité. Le logiciel MCAS du 737 MAX a été à l'origine de deux catastrophes aériennes qui ont coûté la vie à 346 personnes et des défaillances techniques persistantes mettent en péril la sécurité de l'aéronef. Plus de six ans après les deux crashs mortels, les familles des victimes risquent de ne pas obtenir de procès, en raison des accords envisagés entre Boeing et la Justice américaine.
Le Boeing 737 MAX, dernière génération de la famille des avions à fuselage étroit 737, est l'avion le plus vendu du constructeur. Selon le Wall Street Journal, le PDG Kelly Ortberg a rencontré des dirigeants de la société britannique Rolls-Royce au début de l'année pour discuter d'un nouveau moteur pour cet avion. Le rapport indique que le constructeur estime qu'« une conception d'avion de pointe pourrait stimuler son activité pour les prochaines décennies ».
Cette phase est encore très préliminaire : aucun choix définitif n’a été arrêté. « Nos équipes continuent de se concentrer sur notre plan de relance. Parallèlement, comme nous le faisons depuis des décennies, notre équipe évalue le marché, fait progresser les technologies clés et améliore nos performances financières, afin que nous soyons prêts lorsque le moment sera venu de lancer un nouveau produit », affirme un porte-parole de l'avionneur américain.
Selon le rapport, un accord avec Rolls-Royce marquerait un tournant pour Boeing, qui utilise depuis quatre décennies les moteurs issus d'une coentreprise entre GE Aerospace (GE) et le français Safran pour équiper ses avions à fuselage étroit 737. La Federal Aviation Administration (FAA) devra approuver le nouvel avion.
Boeing subit des pressions pour regagner les parts de marché perdues au profit de son rival Airbus après les crashs impliquant le 737 MAX. Le remplacement de cet avion monocouloir pourrait aider Boeing à restaurer sa réputation et donner un nouvel élan à ses actions, qui ont augmenté de plus d'un cinquième cette année. Boeing a bénéficié d'une absolution de la part de l'administration Trump, mais l'entreprise doit améliorer ses pratiques en matière de sécurité.
Le logiciel MCAS et les défaillances techniques persistantes du 737 MAX
Le Boeing 737 MAX n'a été mis en service qu'en 2017, mais l'avion a été impliqué dans deux accidents mortels en 2018 et 2019, qui ont coûté la vie à 346 personnes. Ces accidents ont entraîné l’immobilisation au sol du 737 MAX pendant 20 mois, une période au cours de laquelle Boeing a été appelé à apporter des corrections à sa nouvelle couche logicielle appelée MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System). Le 737 MAX suscite toujours des craintes.
Les enquêtes ont révélé que le processus de certifications du 737 MAX a été bâclé. L'une d'entre elles a révélé que les autorités américaines de régulation, notamment la FAA, ont manqué cruellement de rigueur dans le processus réglementaire de validation du Boeing 737 MAX, compromettant ainsi la sécurité de l'aéronef. Le rapport de l'enquête souligne que la FAA n’a pas procédé au contrôle adéquat du logiciel MCAS comme cela aurait pu l’être.
La FAA a été critiquée pour avoir certifié le 737 MAX alors que les responsables de l'agence ne comprenaient pas entièrement le fonctionnement du MCAS. Un rapport publié en septembre 2020 a révélé des défaillances dans la conception du jet et une relation trop étroite entre la compagnie et la FAA. Boeing a caché des défauts de conception du 737 MAX aux pilotes et aux régulateurs alors qu'il s'efforçait de faire certifier l'avion comme étant apte à voler.
Le rapport a examiné les défauts d'ingénierie et de conception technique de Boeing, en particulier dans le développement du logiciel de contrôle MCAS. Il décrit comment Boeing a tenté de minimiser la nécessité de former les pilotes sur le 737 MAX, qui était sorti en toute hâte pour tenter de concurrencer l'Airbus A320neo. Par conséquent, ni les pilotes ni les compagnies n'avaient connaissance de l'existence du MCAS avant les deux crashs du 737 MAX.
Boeing a accepté de payer des amendes pour régler plusieurs procès
La crise a conduit Boeing à accepter de payer une amende de 2,5 milliards de dollars et à licencier son PDG, Dennis Muilenburg. En février 2024, Boeing a annoncé le renvoi avec effet immédiat du responsable du programme 737 MAX après un incident survenu le mois précédent sur un 737 MAX. Un panneau du fuselage d'un 737 MAX avait explosé lors d'un vol d'Alaska Airlines au départ de Portland. Des critiques ont appelé à la mise au rebut du 737 MAX.
À la suite de cet incident, la FAA a plafonné la production de ces avions. L'ex-PDG Dave Calhoun a admis avoir commis des erreurs. « Nous allons aborder cela, premièrement, en reconnaissant notre erreur. Nous allons l'aborder avec une transparence totale et complète à chaque étape du processus », a-t-il déclaré.
Dave Calhoun envisageait de relancer le projet d'un avion de taille moyenne destiné à remplacer progressivement la famille des 737 et en avait discuté avec ses clients. Ces grands projets ont été relégués au second plan face à des problèmes plus urgents après l'éclatement du panneau du fuselage d'un 737 MAX d'Alaska Airlines en plein vol. L'incident a mis en évidence des problèmes de fabrication persistants et conduit au départ de Dave Calhoun en 2024.
Comment Trump a accordé à Boeing une absolution controversée
En janvier 2021, sous l’administration Biden, Boeing avait signé un accord type appelé « Deferred Prosecution Agreement » (DPA). Le DPA est un type d’accord de poursuite différée. Cet accord évitait à l’entreprise un procès en échange d’une amende de 2,5 milliards de dollars, d’une reconnaissance partielle de responsabilité, et d’un engagement à coopérer avec les autorités. Aucun dirigeant n’a donc été inculpé à la suite des deux catastrophes aériennes.
Mais cet accord fut très critiqué : les familles des victimes, comme Nadia Milleron (mère d’une victime du vol d’Ethiopian Airlines), ont dénoncé un pacte d’impunité, signé sans leur consultation. Un juge fédéral a fini par rejeter ce DPA en décembre 2024, jugeant qu’il violait les droits des familles en vertu de la législation américaine Crime Victims' Rights Act. Un procès semblait alors inévitable. Jusqu’à ce que Donald Trump revienne à la Maison Blanche.
En juillet 2025, le département américain de la justice a décidé d'abandonner les poursuites pénales contre Boeing pour son rôle dans les deux crashs mortels du 737 MAX. En échange, Boeing paiera des amendes supplémentaires et s’engage à améliorer ses pratiques de sécurité. Mais cette solution à l’amiable provoque l’indignation : comment une entreprise responsable de centaines de morts peut-elle éviter un procès ?
Cette année s'est avérée plus favorable le constructeur aéronautique. La FAA a assoupli les restrictions qu'elle avait imposées sur les livraisons d'avions, signe que le régulateur constate des progrès dans les efforts d'amélioration de la qualité entrepris par l'entreprise sous la direction de Kelly Ortberg.
Boeing a enregistré des commandes pour ses 787 Dreamliners de la part d'Uzbekistan Airways et de Turkish Airlines. Contrairement au 737 monocouloir, principalement utilisé pour les vols courts et moyen-courriers, le 787 Dreamliner est un avion gros-porteur à double couloir conçu pour les vols internationaux long-courriers. Les actions de Boeing ont augmenté d'environ 20 % cette année. Elles ont baissé de plus de 1 % lors des dernières transactions.
Erreurs informatiques, stratégie d'externalisation à la ramasse, etc.
Boeing commet de nombreuses erreurs. Son 737 MAX a été victime d'erreurs informatiques qui vont bien au-delà du MCAS. Sa stratégie d'externalisation de la production à des fournisseurs tiers est à l'origine d'erreurs de fabrication et de retards depuis près d'une décennie. Son manque d'investissement dans le contrôle qualité dans ses usines a entraîné la livraison de nouveaux avions présentant divers défauts graves : écarts excessifs dans les fuselages, débris métalliques à proximité de faisceaux de câbles critiques ou à l'intérieur des réservoirs de carburant, et bouchons de porte installés sans boulons de sécurité. Ce dernier problème a conduit à la décompression explosive du vol 1282 d'Alaska Airlines en janvier 2024, un incident qui est devenu viral grâce à la vidéo spectaculaire prise par un passager depuis l'intérieur de la cabine.
Cependant, Boeing ne semble pas capable de tirer les leçons de ses erreurs. Selon le ministère américain de la Justice, « Boeing était au courant de tout cela et n'a toujours pas conçu, mis en œuvre et appliqué un programme de conformité et d'éthique ». Bien que la société ait nommé deux nouveaux PDG au cours des six dernières années, qui ont tous deux promis de mettre de l'ordre dans ses affaires, la culture fondamentale de Boeing reste inchangée, ce qui est la cause profonde de tous ses problèmes techniques.
Cette année, Boeing a été choisi pour construire le chasseur américain de sixième génération. La Maison Blanche a décrit le futur aéronef, baptisé F-47, comme un avion furtif de combat de sixième génération qui sera doté de technologies de pointe. Il remplacera le F-22 Raptor. Le président américain Donald Trump a ajouté que « le F-47 sera l'avion de combat le plus avancé, le plus performant et le plus meurtrier jamais construit ». Toutefois, il y a un grand scepticisme quant à la capacité de Boeing à construire cet aéronef. Boeing a essuyé une série d'échecs ces dernières années, du logiciel MCAS de l'avion 737 MAX à la capsule spatiale Starliner.
Conclusion
Boeing a commencé les premières étapes de conception d’un nouvel avion monocouloir destiné à remplacer à terme le 737 MAX. Ce projet est encore au stade exploratoire, mais il marque la volonté du constructeur de préparer l’avenir face à la concurrence d’Airbus et aux limites d’évolution de son appareil actuel. L'aboutissement de ce projet permettra potentiellement à Boeing de tourner la page du fiasco des problèmes techniques du 737 MAX.
Pour Boeing, ce projet est une vision à long terme, qui vise à restaurer la confiance des compagnies aériennes et à affronter efficacement Airbus sur le segment des monocouloirs, aujourd’hui dominé par la famille A320neo. Les regards sont principalement tournés vers les pratiques en matière de sécurité de Boeing.
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