Pendant que l’avionneur américain Boeing continue de chercher des solutions pour faire voler à nouveau son 737 Max, obligeant les compagnies aériennes à annuler plusieurs vols, ces dernières ont trouvé une solution palliative pour limiter leurs pertes et répondre à la demande croissante du transport aérien. Selon CNBC, elles essaient désespérément de louer des 737 disponibles pour combler les lacunes laissées par le MAX. L’interdiction de vol du 737 Max laisse tellement un vide que les compagnies aériennes, qui l’utilisaient pour leurs vols, louent des 737-200, un précédent avion du constructeur qui a été abandonné en 1988.
Pour rappel, le 737 Max est interdit de vol depuis plus de cinq mois parce que les régulateurs de l’aviation civile à l’échelle mondiale le jugent encore trop dangereux pour reprendre du service, après la survenue des deux catastrophes aériennes distinctes impliquant cet avion – le modèle le plus utilisé – qui ont couté la vie à 346 personnes. Les efforts pour résoudre les défaillances du système MCAS, un logiciel de contrôle de vol mis en cause dans les accidents mortels du Lion Air et d'Ethiopian Airlines, n’aboutissent toujours pas et, pire encore, d’autres problèmes apparaissent avec le temps.
Toutefois, Seattle Times a publié un rapport plus tôt ce mois selon lequel l’avionneur américain serait en train de modifier le logiciel du système de contrôle de vol automatisé de son 737 MAX afin qu’il utilise un deuxième ordinateur de contrôle de vol pour le rendre plus fiable. Le nouveau logiciel fera en sorte que le fonctionnement de l’ensemble du système de contrôle de vol de l’avion, y compris le MCAS, repose sur deux ordinateurs plutôt que sur un seul. La prise en charge des données fournies simultanément par ces deux ordinateurs de contrôle de vol, au lieu d’un seul, ajoutera la couche de sécurité liée à la redondance qui faisait jusqu’à lors cruellement défaut à ce système de vol. Toute chose qui pourrait militer en faveur du Max auprès des régulateurs.
Dans un article publié le samedi, CNBC a rapporté que Boeing teste actuellement un correctif logiciel pour les avions et s'attend à ce que les organismes de réglementation permettent la remise en service des avions au début du quatrième trimestre, même si cette date pourrait être repoussée davantage. Mais pour l’heure, les taux de location à court terme de certaines variantes plus anciennes des avions Boeing ont augmenté d'environ 40 % depuis l'échouement des Max, a rapporté CNBC. Les 737-200 les plus récents ont 31 ans, alors que l'avion lui-même a été introduit il y a 54 ans. Mais, selon un nouveau rapport du site Web Jalopnik.com, les compagnies aériennes sont prêtes à les accepter si cela signifie éviter les annulations d'itinéraire.
Les modèles les plus en demande, a déclaré Phil Seymour, consultant en aviation à CNBC, sont les 737-800. Cette variante est toujours en production aujourd'hui, ce qui le rend plus courant parmi les transporteurs aériens et plus facile à louer dans leurs opérations. Par contre, le 737-200 n'a été utilisé par aucune compagnie aérienne américaine depuis un certain temps, d’après le site Web Jalopnik.com. Southwest, une compagnie aérienne qui n’exploite que des 737 passagers, a abandonné ses 737-200 depuis 2005.
Toutefois, 38 de ses avions d’au moins 31 ans étaient encore en service dans le monde l'été dernier, selon le dernier recensement, dont les 10 exploités par la compagnie Nolinor Aviation, une compagnie basée au Québec au Canada. Ces avions demeurent encore dans la flotte de certaines compagnies à cause de certains avantages. Alors que les moteurs de l'avion sont moins efficaces et rendent le 737-200 indésirable pour la plupart des opérations de la ligne principale, les petites ouvertures du moteur permettent à cet avion d'être équipé d'un « kit de gravier » qui dévie les débris. Grâce à ce kit, le 737-200 peut atterrir sur des pistes d'atterrissage non pavées.
« Les 800 d'occasion sont comme de la poussière d'or en ce moment », a déclaré M. Seymour. Il estime que les taux de location pour 24 mois ou moins, pour certains vieux 737 ont augmenté de 40 % pour atteindre environ 300 000 dollars depuis que les organismes de réglementation ont cloué les 737 Max au sol en mars après deux accidents mortels à cinq mois d'intervalle.
Selon Michael Inglese, PDG de la société de leasing Aircastle, certains clients, dont les baux des anciens jets 737 arrivent à échéance, prolongent leurs contrats et l'augmentation de la demande a été un « modeste avantage » pour Boeing, qui n'a pas son modèle le plus demandé en vol depuis mars ni d'avions en commande. M. Inglese a dit que lorsque les avions ont été cloués au sol pour la première fois, les clients s'attendaient à ce que les avions soient remis en service rapidement, mais les transporteurs discutent maintenant de la façon de régler le problème de l'immobilisation prolongée. « Maintenant, j'ai l'impression qu'il y a un peu plus de paralysie décisionnelle », a-t-il dit. « Tout le monde se gratte la tête en ce moment ».
CNBC a rapporté que l'Association du transport aérien international, un groupe professionnel, a déclaré la semaine dernière que la demande de transport aérien a augmenté d'environ 5 % au premier semestre de 2019 par rapport à l'an dernier.
Southwest, l’une des compagnies qui exploitent exclusivement des 737, a averti les investisseurs le mois dernier que l'immobilisation du 737 Max l'obligerait à réduire sa capacité cette année au lieu de la croissance de 5 % prévue. Tandis que Gol Airlines a déclaré que les 737 plus anciens et moins économes en carburant qu'elle conserve dans sa flotte l'obligent à inclure une escale en République dominicaine sur ses nouvelles routes vers la Floride en provenance du Brésil. Ce qui rend la compagnie moins attractive pour les clients qui voyageraient sans escales sur la 737 Max.
C'est un petit sacrifice, cependant, pour s'assurer que d'autres accidents mortels ne se produisent pas avec les 737 Max jusqu’à ce que les régulateurs du monde entier autorisent à nouveau l’avion de voler. Espérons que ce sacrifice ne durera pas longtemps. Le New York Times a rapporté en juillet que Boeing pourrait suspendre la production du 737 Max en raison des répercussions économiques de la crise qui tend vers son sixième mois.
Source : CNBC
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Pour répondre à la demande croissante
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Le , par Stan Adkens
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