Le système automatisé de freinage d'urgence devient une norme aux États-Unis
La technologie s'incruste davantage dans les véhicules, qu'ils soient électriques ou non. Du système d'infodivertissement à la technologie de conduite semi-autonome, les constructeurs ajoutent des fonctionnalités à chaque cycle, et les font souvent payer. L'une de ces fonctionnalités est le système automatique de freinage d'urgence. Il est conçu pour détecter les objets sur la trajectoire d'une voiture et freiner afin d'éviter un accident potentiel. Les premières versions de cette technologie permettaient d'éviter de heurter une voiture arrêtée. Les versions plus récentes sont conçues pour détecter des objets toujours plus petits.
La NHTSA (National Highway Traffic Safety Administration) des États-Unis a annoncé le 29 avril qu'elle imposera les systèmes automatisés de freinage d'urgence pour tous les nouveaux véhicules d'ici à septembre 2029. La normalisation fédérale des systèmes automatisés de freinage d'urgence inclut aussi le freinage d'urgence avec identification des piétons. Une fois mise en œuvre, la NHTSA prévoit que cette norme permettra de sauver au moins 360 vies par an et d'éviter au moins 24 000 blessures par an. L'agence affirme que les collisions par l'arrière et les blessures des piétons diminueront de manière significative.
« Les nouvelles normes de sécurité automobile que nous avons finalisées aujourd'hui permettront de sauver des centaines de vies et d'éviter des dizaines de milliers de blessures chaque année », a déclaré le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg. Selon les nouvelles règles la NHTSA, d'ici à septembre 2029, toutes les voitures devront être capables de s'arrêter et d'éviter le contact avec un véhicule qui les précède à des vitesses allant jusqu'à 17 km/h. En outre, les constructeurs doivent améliorer leurs systèmes pour qu'ils soient capables de détecter les piétons à la fois à la lumière du jour et dans l'obscurité.
À terme, la norme fédérale exigera que le système freine automatiquement à une vitesse pouvant aller jusqu'à 145 km/h lorsqu'une collision est imminente, et jusqu'à 12 km/h lorsqu'un piéton est détecté. « Il est prouvé que le freinage automatique d'urgence sauve des vie et réduit le nombre de blessures graves lors d'accidents frontaux, et la technologie est désormais suffisamment aboutie pour l'imposer à toutes les nouvelles voitures et camionnettes. Nous exigeons que ces systèmes soient plus efficaces à des vitesses plus élevées et qu'ils détectent les piétons », affirme l’administratrice adjointe de la NHTSA, Sophie Shulman.
Cependant, bien que cette évolution vers une sécurité routière accrue soit admirable, le déploiement prendra plus que des années. De même, des tests récents ont conclu que les systèmes de freinage d'urgence automatisés ne sont pas tous construits de la même manière. D'autres examens ont également révélé que seuls quelques modèles de systèmes automatisés de freinage d'urgence ont été en mesure de détecter correctement les motocyclettes, tandis que d'autres n'ont pas réussi à ralentir suffisamment lors des tests. L'annonce de la NHTSA a suscité des réactions mitigées dans la communauté.
Les systèmes automatisés de freinage d'urgence sont encore loin d'être matures
Les systèmes automatisés de freinage d'urgence, qui équipent déjà de nombreux véhicules neufs, utilisent des capteurs pour détecter les autres véhicules ou les piétons qui se trouvent devant le véhicule et, si le conducteur ne s'arrête pas, ils actionnent les freins. Le freinage automatique d'urgence rendrait la conduite plus sûre. Des études ont montré que son utilisation généralisée a permis de réduire de moitié le nombre d'accidents, de sauver des vies et d'éviter des dégâts matériels. Mais les systèmes ne fonctionnent pas toujours comme ils le devraient, comme en témoignent les problèmes de freinage du Cybertruck de Tesla.
Tesla a commencé à livrer le Cybertruck à la fin de l'année dernière. Mais le mois dernier, les premiers conducteurs ayant essayé le pickup ont rapporté qu'il souffre de nombreuses défaillances, dont des alertes de direction critique et des freinages brusques inattendus lorsque l'Autopilot est activé. Par le passé, les véhicules Tesla ont déjà souffert d'un problème de "freinage fantôme", un terme qui désigne une situation dans laquelle le système automatisé de freinage détecte des incidents imaginaires. De nombreux rapports avaient signalé que des véhicules Tesla freinaient brusquement, ce qui entraînait parfois des carambolages.
Selon les experts, les systèmes automatisés de freinage d'urgence fonctionnent mieux à faible vitesse, et nous ne limitons pas notre conduite à de faibles vitesses. Un laboratoire de sécurité du secteur de l'assurance a récemment commencé à tester les systèmes à des vitesses supérieures à 40 km/h. En deux séries de tests, les résultats de l'étude ont été décevants. Dans un premier temps, le rapport souligne qu'aucun SUV de taille moyenne n'a réussi à freiner lorsqu'une voiture simulée s'est trouvée sur sa trajectoire. Dans une autre série, l'équipe note que la plupart des SUV compacts ont heurté une moto à l'arrêt sur leur voie.
Le rapport indique que les meilleurs systèmes testés ont néanmoins freiné pour réduire la gravité de la collision. D'autres tests ont montré que les systèmes étaient beaucoup moins efficaces la nuit. Une récente série de tests a révélé que le freinage automatique d'urgence en marche arrière est encore moins fiable. Des experts ont testé quatre petits SUV pour voir s'ils pouvaient éviter de traverser le trafic derrière eux. Quatre ont échoué 10 fois sur 10, et un neuf fois sur 10. La plupart des systèmes émettaient toutefois un signal sonore, ce qui pouvait inciter le conducteur à freiner mieux que la technologie ne pouvait le faire seul.
Autrefois, les systèmes automatisés de freinage d'urgence n'étaient courants que sur les voitures de luxe. Mais presque tous les constructeurs automobiles ont signé un engagement promettant de les intégrer avant le 1er septembre 2022. Aujourd'hui, on les trouve sur presque toutes les nouvelles voitures en vente. Alors, si l'industrie automobile a déjà fait de l'équipement une norme dans la pratique, pourquoi s'embarrasser d'une nouvelle en la matière ? Selon les experts, une fois que les systèmes automatisés de freinage d'urgence deviendront obligatoires, les régulateurs pourront exiger qu'ils soient efficaces.
Source : communiqué de la NHTSA
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La démarche de la NHTSA permettra-t-elle de rendre les systèmes automatisés de freinage d'urgence plus efficaces ?
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