
Il s’est immatriculé 138 694 véhicules particuliers dans l’Hexagone le mois dernier, a rapporté la plateforme PFA. Sur les quatre premiers mois de l’année, le marché a enregistré une baisse de 7,28 % sur un an, avec 548 779 immatriculations, selon les données.
Pour Tesla, confronté à la dégradation de l’image de son directeur général Elon Musk, la débâcle se poursuit avec une chute de 59,45 % à seulement 863 unités en France (en comparaison, l'an passé, en avril, Tesla avait vendu 2 129 véhicules). L'organisme automobile français PFA, qui a comparé les chiffres d'immatriculation d'avril avec ceux du même mois de l'année dernière, a également déclaré que depuis le début de 2025, il y a eu 7 556 immatriculations de Tesla en France, soit 44 % de moins que pour la même période en 2024.
Le plongeon du troisième marché automobile de l'UE fait suite aux données du premier trimestre de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) qui ont montré que les ventes de Tesla avaient chuté de 45 % dans l'ensemble de l'Union.
Immatriculation des voitures particulières neuves : avril 2024 (volume, %), avril 2025, janvier à avril 2024, janvier à avril 2025
Un effondrement commercial qui dépasse les frontières françaises
Loin d’être un cas isolé, la baisse observée en France est le miroir d’un phénomène continental. En avril 2025 :
- Suède : -81 % de ventes pour Tesla
- Pays-Bas : -73,8 %
- Danemark : -67,2 %
- Allemagne : une baisse à deux chiffres également signalée
Bien que Tesla conserve sa place parmi les leaders mondiaux des véhicules électriques, son influence sur le marché ne cesse de s’effondrer, notamment en Europe. Les consommateurs, désormais confrontés à une offre pléthorique de modèles plus modernes, se détournent de la gamme vieillissante du constructeur. Certains rejettent également l’image toxique d’Elon Musk, dont les polémiques répétées semblent peser sur les ventes.
Les chiffres sont sans appel : en avril, Tesla a enregistré une chute vertigineuse de 81 % en Suède, son plus bas niveau depuis fin 2022. Les Pays-Bas (-73,8 %), le Danemark (-67 %) et la France (-59 %) suivent la même tendance, tandis que le Portugal affiche un recul plus modéré (-33 %). Même le Model Y, pourtant restylé et ancien best-seller, peine à reconquérir les clients européens. Pendant ce temps, le marché du véhicule électrique dans l’UE a progressé de 23,9 % au premier trimestre 2024, alors que Tesla y a vu ses livraisons s’effondrer de 45 %. Sa part de marché s’est réduite, passant de 2,4 % à 1,3 % sur la même période.
Malgré le lancement du nouveau Model Y restylé, censé redonner un souffle aux ventes, Tesla semble incapable de résister à la concurrence montante des marques européennes (Volkswagen, Renault, Peugeot) et asiatiques (BYD, MG, Hyundai).
Les analystes estiment que le rôle prépondérant de Musk, proche de Trump, est un facteur probable de la forte baisse des ventes de Tesla en Europe.
Musk s'est fait connaître pour avoir supprimé des agences et des programmes fédéraux américains, y compris ceux destinés à l'aide à l'étranger, et pour avoir fait à deux reprises un geste lors d'un rassemblement d'investiture de Trump qui, selon les historiens, ressemblait à un salut nazi.
Le milliardaire a déclaré qu'il envisageait de prendre du recul par rapport à son rôle de chef officieux du « Département de l'efficacité gouvernementale » (DOGE) de Trump, qui vise à réduire les coûts, pour se concentrer davantage sur Tesla.
Le Wall Street Journal a rapporté que le conseil d'administration de Tesla avait entamé des procédures il y a plusieurs semaines pour trouver un successeur à Musk en tant que PDG.
Défaillances techniques : l’illusion de la supériorité technologique s’effondre
L’un des principaux arguments de vente de Tesla, à savoir sa maîtrise technologique et son avance sur l’Autopilot, est aujourd’hui remis en question.
Problèmes majeurs rapportés :
- Ordinateur de bord défaillant sur certains Model 3 et Model Y (reboot intempestifs, pannes de l’interface)
- Autopilot impliqué dans des accidents mortels : plus de 40 enquêtes ont été ouvertes par la NHTSA aux États-Unis sur des accidents impliquant le système de conduite assistée
- Fiabilité aléatoire : les suspensions, poignées de portes, batteries, caméras latérales font l’objet de nombreux retours clients
Tesla paie aujourd’hui le prix d’une stratégie où le "beta test" à grande échelle sur les conducteurs a remplacé les normes classiques de validation industrielle.
Une saturation culturelle : la Tesla n’est plus un rêve
Il y a quelques années, posséder une Tesla c’était faire partie de l’avant-garde. Aujourd’hui, pour une partie du public, la marque incarne :
- Un capitalisme agressif et déconnecté
- Un culte de la personnalité autour de Musk
- Des promesses non tenues (Full Self Driving toujours en beta)
- Une dépendance aux mises à jour, parfois imposées sans choix
Le « cool » Tesla semble avoir laissé place à une fatigue technologique, où la complexité, les bugs, et le manque de transparence dominent.
Le déclin de Tesla, entre échec stratégique et crise d'image
La brutale dégringolade de Tesla en Europe ne relève pas d’un simple contretemps : elle trahit un échec stratégique à double détente. D’un côté, le constructeur a tardé à rajeunir sa gamme, distancé par des concurrents européens et chinois plus agiles, offrant des modèles mieux finis, plus en phase avec les attentes locales et souvent moins chers. Une étude vient en outre noircir le tableau : Tesla détient le triste record du taux d’accidents mortels dans le secteur.
De l’autre, Elon Musk a méthodiquement saboté l’image de sa marque, multipliant les prises de position clivantes, soutiens assumés à l’extrême droite, connivences avec des mouvances controversées et déclarations incohérentes. Effet domino : une clientèle croissante, surtout en Europe, fuit désormais la marque, qu’elle ne dissocie plus de son sulfureux patron.
Pourtant, le plus frappant dans cet effondrement est son caractère évitable. Le marché des véhicules électriques est en pleine expansion (+23,9 % dans l’UE), mais Tesla régresse (-45 % sur la même période). Ce décrochage révèle une arrogance stratégique : la firme a cru pouvoir se reposer sur son avance technologique passée tout en négligeant les attentes clients (qualité des matériaux, design, réseau de service). Pire, elle a laissé Musk transformer Tesla en extension de son personnage public, au point que les ventes semblent désormais indexées sur ses dérives. L’annonce d’un futur véhicule low-cost ou d’un robotaxi ne suffira pas à inverser la tendance : sans une rupture nette avec les polémiques et un recentrage urgent sur l’industrie automobile (plutôt que sur les fantasmes techno-futuristes), Tesla pourrait bien rejoindre la longue liste des géants déchus, un destin ironique pour une entreprise qui se rêvait en disrupteur éternel.
4 millions de voitures défectueuses : Tesla fait face à une facture de 10 milliards de dollars
Tesla fait face à une facture de 10 milliards de dollars à cause de 4 millions de voitures défectueuses. Tesla doit soit mettre à niveau soit indemniser les propriétaires de véhicules plus anciens dont la technologie ne correspond pas aux promesses de la FSD.
Selon plusieurs tests de 2024, le système avancé d'aide à la conduite entièrement autonome (Full Self-Driving ou FSD) de Tesla n'est pas fiable. Un testeur a notamment déclaré : « Au vu de son fonctionnement actuel, le FSD est un système auquel on ne peut pas faire confiance pour prendre les bonnes décisions. Il commet les erreurs les plus élémentaires, et il en commet beaucoup." Il affirmait : « Le FSD c’est de la poudre de perlimpinpin. »
En outre, le système avancé d'aide à la conduite entièrement autonome supervisé (Full Self-Driving supervised) de Tesla a été testé sur plus de 1600 kilomètres par AMCI, un cabinet de recherche automobile indépendant. Au cours du processus d'examen, les conducteurs ont dû intervenir plus de 75 fois. Le système Full Self-Driving (FSD) supervisé peut fonctionner parfaitement des dizaines de fois dans le même scénario, jusqu'à ce qu'il se dérègle de manière inattendue et nécessite l'intervention du conducteur.
Pourtant, Elon Musk et Tesla ont fait d'énorme promesse en 2016 concernant ce système technologique. Mais une prochaine décision de justice pourrait contraindre le géant des véhicules électriques à mettre à jour des millions de véhicules, sous peine de devoir payer plusieurs milliards de dollars. Selon Connery, un juge a décidé que Tesla devait mettre à niveau ou indemniser les propriétaires d'anciens véhicules dont la technologie ne correspond pas aux promesses de conduite autonome.
En 2016,...
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