Depuis plus d’un an, le Boeing 737 Max n'était manifestement pas prêt à décoller suite aux défaillances logicielles révélées par deux crashs mortels en seulement cinq mois. Lors des deux incidents horribles, 346 personnes sont mortes. Dans les deux cas, les pilotes n'ont pas été capables de manipuler le système logiciel anti-décrochage MCAS de manière à corriger le nez de l'avion poussé vers le bas, ce qui a finalement entraîné des conséquences fatales. Le Max a été mis hors service et Boeing contraint à apporter les corrections nécessaires.
Comme faire voler un avion implique une confiance absolue dans la technologie et les hommes qui la font fonctionner, l’avionneur américain se bat depuis lors pour regagner la confiance des autorités et de ses clients, sans parvenir à gagner la confiance de tout monde pour l’instant. Cependant, comme l'attention aux États-Unis se concentrait sur les élections, American Airlines a discrètement annoncé en octobre que la compagnie allait remettre le Max dans son programme le mois prochain.
Mais ce que disent les pilotes américains pourrait ternir le retour dans la flotte de la compagnie de l’avion cloué au sol depuis mars 2019 et dont la sécurité continue de faire l’objet de critique. Le syndicat représentant les pilotes de Southwest Airlines a déclaré la semaine dernière « que le nouveau manuel du Boeing 737 Max peut conduire à des erreurs en cas d'urgence ». Le syndicat a déclaré, selon USA Today, que la FAA devrait réduire le nombre d'étapes que les pilotes doivent retenir et effectuer dans le type d'urgence qui s'est produit avant les deux accidents du Max.
Les régulateurs européens de l'EASA ont déclaré en octobre que le Max est sûr. Ce qui est curieux, c'est que Boeing n'a pas encore effectué les modifications logicielles que les régulateurs européens ont jugé nécessaires. L’ESEA avait en outre exigé le développement d'un capteur dit synthétique, le troisième capteur sur le 737 Max. Patrick Ky, directeur exécutif de l'Agence européenne, a déclaré que le capteur synthétique simplifierait le travail des pilotes lorsqu'un ou les deux capteurs mécaniques d'angle d'attaque du Max tombent en panne.
Pendant ce temps, aux États-Unis, le Max a réussi ses vols d'essai de certification. Et American Airlines, qui prévoit de piloter le Max dès décembre, prévoit des visites client du Boeing 737 Max et appelle ses pilotes pour renforcer la confiance du public dans l’avion après deux accidents mortels, a rapporté CNBC en octobre. Tout cela dégage une confiance tranquille. Mais les Américains comprennent que les passagers seront nerveux, car c'est une chose de corriger un logiciel. C'en est une autre de s'assurer que ceux qui l'utilisent en connaissent toutes les nuances.
Lundi 2 novembre était la date limite pour les commentaires sur la proposition par la FAA pour la formation des pilotes. L'agence pourrait publier une règle finale dans les semaines à venir, éliminant l'un des derniers obstacles pour les compagnies aériennes à reprendre l'utilisation de l'avion. Boeing attend l'approbation de la FAA avant la fin de l'année. Cependant, selon les syndicats de pilotes américains, l'administration fédérale de l'aviation devrait améliorer sa proposition visant à former les pilotes à la gestion de l’inclinaison en piqué du Boeing 737 Max, qui a été cloué au sol après deux accidents mortels.
Les pilotes s'inquiètent du fait que le manuel de l’agence fédérale américaine de l’aviation pour le maniement du nouveau logiciel en cas d'urgence est inadéquat. Ils disent qu'il y a tout simplement trop d'étapes à se rappeler. Cela, insistent-ils, a été prouvé lors de vols en simulateur. Pendant que la FAA propose une formation des pilotes tous les trois ans, les pilotes d'American Airlines ont déclaré que les pilotes de Max devraient s'entraîner pour la gestion des cas d’urgence tous les deux ans.
Divulguer tous les documents relatifs aux derniers essais du Boeing 737 Max
Un groupe de pression américain a demandé à un juge fédéral d'ordonner à la FAA de publier une centaine de documents relatifs à la recertification du Boeing 737 Max par l'agence. Flyers Rights Education Fund, un groupe de défense des consommateurs qui se concentre sur les questions relatives aux compagnies aériennes a déposé la requête auprès du tribunal de district américain pour le District de Columbia le 28 octobre.
Il affirme que la FAA, suite à la demande de Boeing, a omis de divulguer des informations qui pourraient aider « les experts indépendants en matière de sécurité et le public ... à examiner la base sur laquelle la FAA a l'intention de faire décoller l'avion ». Les documents recherchés par Flyers Rights concernent les plans de certification du 737 Max, les méthodes d'essai, la conformité réglementaire, les plans d'essai en vol et les analyses de sécurité, selon des documents judiciaires.
Flyers Rights a déjà demandé ces documents à la FAA, après avoir déposé une demande dans le cadre de la loi sur la liberté de l'information du gouvernement américain. La FAA a effectivement publié une centaine de documents, mais ces documents ont été fortement expurgés, les laissant vides de « l'essentiel des informations de fond », selon Flyers Rights.
Les documents judiciaires montrent que Boeing s'est opposé à la publication de détails, invoquant la nécessité de protéger les informations exclusives et « techniques très détaillées ». FlyersRights insiste sur le fait que l'information qu'il recherche ne concerne pas des informations propriétaires, mais plutôt « le processus par lequel la FAA déterminerait si les correctifs proposés par Boeing fonctionnent et sont satisfaisants ».
American Airlines prévoit de démarrer des vols 737 MAX entre Miami et New York à partir du 29 décembre, selon un rapport de Reuters. Le 737 MAX a déjà volé entre New York et Miami, ce n'est donc pas une nouvelle route pour le MAX. Le problème c’est comment les clients d'American Airlines peuvent être sûrs que le Max peut voler en toute sécurité.
Les passagers, qui n’avaient pas peur auparavant en montant dans un 737 Max, pourraient maintenant être préoccupés par ce qui se passe dans le cockpit de l’avion. Auparavant, bien que certains passagers se sont intéressés par le type d'avion qui les transporte, beaucoup s'en moquaient. Ils veulent plutôt savoir si l'avion est propre et si leurs pieds vont effectivement passer sous le siège avant. Mais avec l’actualité du 737 Max et un retour imminent dans les flottes des compagnies aériennes, ils chercheront certainement à connaître le type d’avion dans lequel ils voyagent.
Le Max aura sans aucun doute un avenir difficile. Southwest Airlines ne semble pas se presser pour le programmer dans sa flotte. Les compagnies aériennes n'en commandent pas plus, selon un article publié par Bloomberg en octobre. Certaines, dont Southwest Airlaines, examineraient des alternatives de l'Airbus au lieu de commander plus de Max.
Un élément intrigant est de savoir si American Airlines et d'autres compagnies aériennes diront à leurs clients qu'ils voyagent dans un 737 Max. À la fin de l'année dernière, elles ont commencé à l'appeler le 737-8, d’après une publication de Will Horton dans Forbes. Ce qui est assez bizarre, étant donné qu'il existe déjà un 737-800, un bastion de l'aviation depuis de nombreuses années.
Pour signer un retour réussi dans les airs, la mise à jour logicielle du Boeing 737 Max ne doit tout simplement pas se tromper. Elle doit être absolument parfaite et bénéficier de la confiance absolue de ceux qui l'utilisent.
Sources : USA Today, Flyers Rights Education Fund, Reuters
Et vous ?
Que vous inspire la programmation des 737 Max en décembre par American Airlines ?
Monteriez-vous volontiers dans les premiers Max après la recertification ? Pourquoi ?
Voir aussi :
Boeing 737 Max jugé sûr par le régulateur européen de l'aviation, qui a déclaré que « le niveau de sécurité atteint est suffisamment élevé pour nous »
La proposition de correction américaine pour les problèmes du Boeing 737 Max ne tient pas compte du scénario de crash d'Ethiopian Airlines, met en garde le syndicat des pilotes britanniques
Les correctifs proposés par la FAA ne sont pas suffisants pour le 737 Max, cloué au sol à cause des problèmes logiciels, d'après un dénonciateur de Boeing
Boeing licencie l'un de ses cadres moyens suite à la divulgation de courriels "embarrassants" pour la société, alors même que ce dernier ne semble pas impliqué dans cette affaire
American Airlines ramène discrètement le Boeing 737 Max,
Mais les pilotes américains disent que le nouveau manuel de l'avion « peut conduire à des erreurs en cas d'urgence »
American Airlines ramène discrètement le Boeing 737 Max,
Mais les pilotes américains disent que le nouveau manuel de l'avion « peut conduire à des erreurs en cas d'urgence »
Le , par Stan Adkens
Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !